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Adolescence et conduites à risque - Yapaka

Adolescence et conduites risqueDavid Le BretonTemps d Arr t / LecturesUne collection de textes courts destin s aux professionnels en lien direct avec les familles. Une invitation marquer une pause dans la course du quotidien, partager des lectures en quipe, prolonger la r flexion par d autres textes. 8 parutions par de collection : Vincent Magos assist de Diane Huppert ainsi que de Meggy Allo, Laurane Beaudelot, Philippe Dufromont, Philippe Jadin et Claire-Anne programme yapakaFruit de la collaboration entre plusieurs administrations de la Communaut fran aise de Belgique (Administration g n rale de l enseignement et de la recherche scientifi que, Direction g n rale de l aide la jeunesse, Direction g n rale de la sant et ONE), la collection Temps d Arr t / Lectures est un l ment du programme de pr vention de la maltraitance de pilotage : Fran ois De Smet, Etienne De Maere, Nathalie Ferrard, Sophie Gall e, Ingr

« Mon dernier espoir était alors toujours la fenêtre. Je me figurais qu’il pourrait y avoir encore, là dehors, quelque chose qui m’appartint, même à présent, à

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1 Adolescence et conduites risqueDavid Le BretonTemps d Arr t / LecturesUne collection de textes courts destin s aux professionnels en lien direct avec les familles. Une invitation marquer une pause dans la course du quotidien, partager des lectures en quipe, prolonger la r flexion par d autres textes. 8 parutions par de collection : Vincent Magos assist de Diane Huppert ainsi que de Meggy Allo, Laurane Beaudelot, Philippe Dufromont, Philippe Jadin et Claire-Anne programme yapakaFruit de la collaboration entre plusieurs administrations de la Communaut fran aise de Belgique (Administration g n rale de l enseignement et de la recherche scientifi que, Direction g n rale de l aide la jeunesse, Direction g n rale de la sant et ONE), la collection Temps d Arr t / Lectures est un l ment du programme de pr vention de la maltraitance de pilotage.

2 Fran ois De Smet, Etienne De Maere, Nathalie Ferrard, Sophie Gall e, Ingrid Godeau, Louis Grippa, Fran oise Guillaume, Pascale Gustin, Fran oise Hoornaert, Perrine Humblet, Francine Roose et Juliette texte est dit en marge d une conf rence de David Le Breton intitul e La prise de risque . Les gar ons et les fi lles la m me enseigne ? organis e en juin 2014 Bruxelles par Synergie asbl, service de formation continu e et de recherche, actif dans diff -rents domaines du champ social notamment en tant que service de formation pour les professionnels de l aide la initiative de la F d ration Wallonie-Bruxelles de Belgique. diteur responsable : Fr d ric Delcor F d ration Wallonie-Bruxelles de Belgique 44, boulevard L opold II 1080 Bruxelles.

3 Octobre 2014 SommaireDifficiles adolescences .. 7 Les conduites risque comme r sistance une souffrance.. 13 Repr sentations de la mort l Adolescence .. 21La question du genre .. 27 Anthropologie d une clinique de l Adolescence .. 31 Figures anthropologiques des conduites risque .. 39La peau comme accroche au monde.. 43 Des rites priv s pour conjurer la souffrance.. 49S en sortir .. 53 Bibliographie .. 57 Mon dernier espoir tait alors toujours la fen tre. Je me figurais qu il pourrait y avoir encore, l dehors, quelque chose qui m appartint, m me pr sent, l heure de cette soudaine pauvret de la mort. Mais peine avais-je regard dans cette direction, que je sou-haitais que la fen tre eut t barricad e, ferm e comme le mur.

4 Car pr sent je savais que tout se continuait l -bas avec la m me indiff rence, que dehors aussi n existait rien d autre que ma solitude. La solitude que j avais faite autour de moi, et dont la grandeur n tait pas proportionn e mon c ur. (Rilke, Les Cahiers de Malte Laurids Brigge.) 7 Difficiles adolescencesAdolescence vient du latin adolescens, participe pr -sent de adolescere qui signifie grandir, la diff rence du participe pass adultus qui marque le fait d avoir atteint la maturit . D finition qui oublie que l adulte demeure lui aussi un homme ou une femme inachev , toujours en mouvement. Mais l Adolescence est d abord l tablissement dif-ficile d un centre de gravit , la qu te d un sens et d une valeur son existence.

5 Aujourd hui cependant la notion d Adolescence est un ab me de significations qui recoupe des populations parfois du m me ge mais de tonalit s bien diff rentes. Les uns cherchent entrer dans la vie le plus t t possible (les pr adolescents ), ils se comportent d j comme s ils vivaient une pleine maturit sociale : de ces gamines ayant une sexualit sans complexe douze ans, vivant parfois des gros-sesses pr coces, ces gar ons engag s dans des faits de d linquance au m me autres l inverse s attachent rester le plus long-temps possible dans l Adolescence , bien au-del de l ge l gal de la majorit (les adulescents , les post-adolescents , les ternels adolescents ).

6 Leurs yeux, les pr rogatives de l adulte conjugu es aux satisfac-tions de l enfance repr sentent une posture enviable, une mani re de toujours repousser plus tard les choix qui engagent de mani re plus personnelle. Le passage vers la maturit est rendu plus difficile par l ambiance sociale et culturelle qui fait de l Adolescence un mot d ordre merveill , condition d un bonheur ind pas-sable pr server le plus longtemps possible. tre jeune est devenu une forme de royaut , et chacun est somm de le rester le plus tard possible. L hyperflexivit qui marque le statut de l individu dans le monde contemporain est particuli rement forte chez les adolescents, elle les am ne voir le temps qui passe 8 comme un moment privil gi de jouissance pure, sans compte rendre, mais menac par l imminence d une position adulte o il faudra s engager dans une s rie de responsabilit s sociales, culturelles, familiales ou professionnelles.

7 Elle est v cue sous l gide de la nos-talgie, et dans un sentiment d urgence, d acc l ration des Adolescence t moigne pour Erikson d une crise d identit normative, p riode de croissance non seule-ment physique mais aussi morale qui am ne le jeune se sentir l troit dans ses aspirations d enfant et enclin la recherche de l homme ou de la femme qu il souhaite tre. Elle ne se confond jamais avec la seule pubert . Cependant, le corps en tant que source de changement est per u comme soi et autre, parfois motif d anxi t car il devient insaisissable et contraint l assomption d une identit personnelle et sexuelle alors que rien ne vient tayer l vidence de cette m tamorphose.

8 Embarrass par son corps, l adolescent peine s tablir dans ces nouvelles orientations o il commence se d tacher de la tutelle de ses parents et voler de ses propres ailes. Il s efforce de borner symboliquement son espace la fois int rieur et ext rieur, d tablir les limites de sens pour se sentir exister sans tre envahi. Il d veloppe une vie secr te inaccessible ses parents travers ses ami-ti s, ses amours, ses loisirs, son journal intime ou son blog, etc. La famille cesse peu peu d tre le centre de gravit de son existence, ses espaces transitionnels se d placent vers les pairs. Les parents ne sont plus des mod les, ils sont m me d valoris s, per us comme d risoires.

9 Les figures d identification privil gient les pairs, les adultes de leur entourage (professeurs, entra -neurs, etc.) ou les personnages m diatiques. Pour se construire le jeune est d sormais dans la n cessit de l exp rimentation. La transmission est morcel e, les fronti res morales se dissolvent dans un monde infini-ment multiple, les parents ou l cole peinent enseigner et accr diter les valeurs et les normes qui rendent possible le lien social. Par ses transgressions, ses pro-vocations, ses interpellations, ses essais et ses erreurs, le jeune se fraie finalement son chemin. 9 Cet univers int rieur implique une ligne de partage qui ne fasse pas du monde un prolongement des fantasmes ou du monde int rieur le d p t complaisant de la r alit ext rieure.

10 Les interdits sont toujours des mani res de se dire entre soi et de s inscrire dans la r ciprocit du lien social. La fronti re entre soi et non-soi correspond la peau et l laboration d un espace de confiance dans le rapport au monde, elle ne cesse de se rema-nier au fil des exp riences. Elle participe de mani re intense au processus de s paration-individuation qui caract rise selon P. Blos le passage adolescent. Sous une forme r elle ou symbolique, l enveloppe de soin, de tendresse, de chaleur dont la m re (ou la personne qui en tient lieu) investit l enfant lui procure une matrice narcissique, et donc une confiance en lui qui favorise ses relations au monde, m me si elle ne suffit pas tou-jours.


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