COURS SUR l'IMMATURITÉ - psychaanalyse.com

1 L'immaturit psychoaffective L'immaturit psychoaffective est devenue au COURS des quatre derni res d cennies un v ritable probl me de nos soci t s occidentales. Elle s' tend du domaine psychiatrique au domaine psychologique et m me sociologique en des formes plus ou moins s v res. Au d but du vingti me si cle, l'immaturit psychoaffective s'entendait comme l'arri ration ou l'alt ration mentale. Aujourd'hui avec l' volution des connaissances, ce concept d'immaturit appara t timidement dans la nosographie psychiatrique, vu le peu d'ouvrages sp cialis s sur le sujet. En effet, il est particuli rement difficile de la d finir en tant que telle puisqu'elle n'est pas une pathologie au sens propre du terme.

2 Trop longtemps, on a identifi le degr de maturit psychoaffective l' ge biologique d'une personne, alors qu'il est indispensable de distinguer la maturit de l' tat biologiquement adulte. Tony Anatrella remarque explicitement que la maturit n'est pas le r sultat d'un ge donn ni des exp riences, mais du d veloppement et de l'harmonisation des diverses r alit s des structures psychiques dans la personnalit La maturit psychologique est le r sultat de la r solution des conflits de base de la personnalit , de la mise en place des institutions psychiques et de l'abandon des positions infantiles. 1. Chez tout le monde, il existe plus ou moins des zones matures et des zones immatures des degr s variables.

3 Certaines conditions de vie peuvent engendrer des comportements immatures, notamment dans les modes de fonctionnement m me de certaines congr gations religieuses, de m me que dans certains rapports hi rarchiques qui infantilisent la communaut . Il peut en tre de m me dans le mariage. Mais partir de quel degr l'immaturit est-elle invalidante ? Pour r pondre cette question, nous allons tudier successivement la notion de maturit et les diff rentes sortes d'immaturit avant d'approfondir les concepts d'immaturit affective et d'immaturit intellectuelle. 1. Qu'est-ce que la maturit ? Parler de maturit et d'immaturit revient parler de normalit . La limite entre une personnalit normale et une personnalit.

4 Pathologique est difficile cerner. La normalit n'a pas une d finition univoque et peut avoir des r f rences diff rentes suivant si on se place du point de vue de l'individu ou de la soci t . La normalit comme absence de maladie : en m decine, la normalit peut se d finir comme l'absence de maladie. En psychiatrie, cela correspond l'absence de sympt mes psychiatriques. Le probl me reste alors celui de la d finition et de la description de ces sympt mes. 1. Interminables adolescences , collection thique et Soci t ', d. Cerf/Cujas, Paris, 2002, p. 72 et 83. 1. La normalit statistique du point de vue du psychologue : elle tient compte du plus fr quent, du plus habituel, par r f rence aux individus situ s dans la moyenne de la courbe de Gauss.

5 Le risque devient alors grand d'assimiler originalit pathologie et normalit . normalisation par rapport des crit res sociaux culturels. La normalit fonctionnelle du point de vue du psychiatre : elle d finit le fonctionnement optimal d'un individu par rapport ses capacit s et ses potentialit s propres qui repr sente la normalit . Ce crit re renvoie l'adaptation sociale (probl me de la normalisation) et . l' panouissement. Cependant certains patients peuvent tre adapt s socialement alors qu'une certaine souffrance psychique existe en eux ou s'exerce sur leur entourage. La normalit id ale du point de vue du sociologue : elle d finit le fonctionnement psychique parfait, c'est- -dire hors de tout conflit.

6 Elle est utopique et renvoie souvent une pseudo-normalit (personnalit . suradapt e se pr sentant comme n'ayant aucun conflit, aucune difficult ). 2. Si l'on transpose ces crit res de normalit la maturit , nous pouvons dire que la maturit id ale n'existe pas, la maturit statistique est relative. Quant la maturit fonctionnelle, c'est l'adaptation du sujet . son environnement. De fait, nous devons consid rer tous ces crit res simultan ment, sachant qu'il n'y a pas de notion de souffrance dans l'immaturit puisque ce n'est donc pas une Il existe divers types de maturit : maturit de la volont ; maturit de l'intelligence ;. maturit critique ; maturit sexuelle ; maturit affective ; maturit.

7 Professionnelle ; etc. A contrario, nous retrouvons diff rentes sortes d'immaturit , commencer par l'immaturit physiologique, l'immaturit . affective et l'immaturit intellectuelle. La difficult de d finir l'adulte mature nous oblige consid rer attentivement les diff rentes tapes du processus de maturation de la personnalit . Ce processus de maturation proc de par paliers. La maturit . s'acquiert par strates successives avec l' ge de raison, avec l'adolescence et avec la postadolescence. En d'autres termes, le processus de maturation commence d s la naissance. Ainsi, la pubert , faisant suite . la phase de latence o l'enfant a laiss en l' tat son exp rience dipienne, est, de fait, conditionn e par les trois phases orale, anale et phallique.

8 Quant l'adolescence, c'est un fait cons cutif la transformation des conditions de vie depuis le XIII me si cle. Au COURS de cette p riode, la personne est engag e dans un processus psychique qui va transformer sa personnalit et sa fa on de r soudre les conflits de base 2. psyd3 3. Une personnalit est pathologique quand un profil caract riel est statistiquement rare et que les attitudes et le comportement sont une cause de souffrance pour le sujet lui-m me et pour son entourage' (K Schneider) ( ). 2. pour devenir un adulte mature. Ce d lai de maturation ne cesse de s'accro tre (12 30 ans) et chez certaines personnes perdure bien au- del . Ce long travail de maturation s'articule par rapport trois processus.

9 La pubert (douze, dix-sept/dix-huit ans) au COURS de laquelle l'organisation bio-physio-psychologique transforme l' conomie de l'individu et son image corporelle. L'adolescence (dix-sept, dix-huit/vingt deux, vingt quatre ans) va s'efforcer d'int grer le corps sexu et d'int rioriser son identit dans la capacit exister de fa on autonome psychiquement m me si l'individu reste relativement d pendant de son milieu. Enfin, la postadolescence (vingt-trois, vingt-quatre/trente ans). travaille la consolidation du moi au sein d'un lien entre les n cessit s du fonctionnement interne de la personnalit et les exigences de la r alit . ext rieure 4. De fait, la maturit va s'acqu rir petit petit avec la r solution des conflits de base de la personnalit , de la mise en place des institutions psychiques et de l'abandon des positions infantiles.

10 5 tre mature, c'est donc tre capable de travailler soi-m me l'int gration des pulsions dans les fonctions du moi en relation avec l'environnement. De fa on plus concr te, on peut ainsi d finir la maturit comme tant la capacit de se contr ler, de contr ler les pulsions et les instincts ; la capacit d'assumer et de r soudre les conflits internes avec une angoisse mod r e et une esp rance proportionn e de les surmonter ; la capacit d' tablir une relation avec les autres l'int rieur d'un groupe et en gardant sa capacit . critique. Autrement dit, pour reconna tre la consolidation du moi et le passage de l'adolescence la maturit adulte, P. Blos nonce cinq crit res : - 1.