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Frankenstein Mary SHELLEY - Pitbook.com

Mars 2001. Frankenstein Mary SHELLEY . PREMI RE LETTRE. A madame Saville, en Angleterre Saint-P tersbourg, 11 d cembre Vous serez bien heureuse d'apprendre qu'aucun malheur n'a marqu le commencement d'une entreprise propos de laquelle vous nourrissiez de funestes pressentiments. Je suis arriv ici hier et mon premier soin est de rassurer ma soeur sur ma sant et de lui dire que je crois de plus en plus au succ s de mon entreprise. Je suis d j loin au nord de Londres. Quand je me prom ne dans les rues de P tersbourg, je sens la brise froide du nord se jouer sur mon visage: cela me fortifie et me remplit de joie. Comprenez-vous une telle sensation? Cette brise qui vient des r gions vers lesquelles je m'avance me donne un avant-go t de leur climat glacial. Inspir s par ces vents prometteurs, mes r ves deviennent plus fervents, plus vivants. J'essaie en vain de me persuader que le p le est le si ge du froid et de la d solation: il se pr sente mon imagination comme le pays de la beaut et du plaisir.

PREMI¨RE LETTRE A madame Saville, en Angleterre Saint-PØtersbourg, 11 dØcembre 17.. Vous serez bien heureuse d™apprendre qu™aucun malheur

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1 Mars 2001. Frankenstein Mary SHELLEY . PREMI RE LETTRE. A madame Saville, en Angleterre Saint-P tersbourg, 11 d cembre Vous serez bien heureuse d'apprendre qu'aucun malheur n'a marqu le commencement d'une entreprise propos de laquelle vous nourrissiez de funestes pressentiments. Je suis arriv ici hier et mon premier soin est de rassurer ma soeur sur ma sant et de lui dire que je crois de plus en plus au succ s de mon entreprise. Je suis d j loin au nord de Londres. Quand je me prom ne dans les rues de P tersbourg, je sens la brise froide du nord se jouer sur mon visage: cela me fortifie et me remplit de joie. Comprenez-vous une telle sensation? Cette brise qui vient des r gions vers lesquelles je m'avance me donne un avant-go t de leur climat glacial. Inspir s par ces vents prometteurs, mes r ves deviennent plus fervents, plus vivants. J'essaie en vain de me persuader que le p le est le si ge du froid et de la d solation: il se pr sente mon imagination comme le pays de la beaut et du plaisir.

2 A cet endroit, Margaret, le soleil est toujours visible, son large disque frange presque l'horizon et r pand un clat perp tuel. L - si vous le permettez, ma soeur, je ferai confiance aux nombreux navigateurs qui m'ont pr c d -, l , la neige et la glace sont bannies et, en naviguant sur une mer calme, on peut tre transport sur une terre qui surpasse en prodiges et en beaut toutes les r gions d couvertes jusqu'ici dans le monde habitable. Ses tr sors et ses paysages peuvent tre sans exemple - et la plupart des ph nom nes c lestes doivent sans doute trouver leur explication en ces lieux encore intacts. Mais que ne peut-on pas esp rer dans un pays qui offre une ternelle lumi re? Je pourrais y d couvrir la puissance merveilleuse qui attire l'aiguille des boussoles, y entreprendre d'innombrables observations c lestes qui n'attendent que ce voyage pour d voiler leur tranget apparente. Je vais assouvir mon ardente curiosit en explorant une partie du monde qui n'a jamais t visit e avant moi et peut- tre fouler un sol o.

3 Aucun homme n'a jamais march . Tels sont mes mois et ils suffisent pour annihiler toute crainte du danger et de la mort, pour m'encourager partir de l'avant avec d termination, ainsi qu'un enfant qui s'embarque sur un petit bateau avec ses camarades pour d couvrir la rivi re qui baigne son pays natal. Mais, en supposant que toutes ces conjectures soient fausses, vous ne pouvez contester l'inestimable b n fice que j'apporterai l'humanit . jusqu' la derni re g n ration, au cas o je d couvrirais, proximit du p le, un passage vers ces contr es que nous atteignons aujourd'hui apr s tant de mois, ou si je r ussissais percer le secret de la force magn tique, lequel ne peut tre mis jour, moins que ce ne soit impossible, que par un effort comparable au mien. Ces r flexions ont dissip l'agitation avec laquelle j'ai commenc ma lettre, et je sens mon coeur se remplir d'un enthousiasme qui m' l ve jusqu'au ciel; rien n'est plus propice tranquilliser l'esprit qu'un projet bien solide - un projet pr cis sur lequel on peut fixer toute son attention.

4 Cette exp dition a t le r ve favori de mes ann es d'enfance. J'ai lu avec passion les r cits de voyages entrepris dans le but de parvenir au nord de l'oc an Pacifique, travers les mers du p le. Vous devez vous souvenir que la biblioth que de l'oncle Thomas tait compos e d'un ensemble d'ouvrages sur l'histoire de tous les voyages de d couverte. Mon ducation fut n glig e. Pourtant, j'aimais norm ment lire et j' tudiais ces ouvrages nuit et jour et au fur et mesure que j'en prenais connaissance, je regrettais la d cision que mon avait prise sur son lit de mort, alors que j' tais encore un enfant - d fense avait t faite mon oncle de me laisser embrasser la carri re de marin. Ces visions s'att nu rent lorsque je lus, pour la premi re fois, certains po tes dont les effusions p n traient mon me et m' levaient jusqu'au ciel. Je devins po te moi aussi et je v cus une ann e durant dans le Paradis de ma propre cr ation.

5 Je croyais de la sorte d nicher une place dans le temple o taient consacr s les noms d'Hom re et de Shakespeare. Vous savez quel point je me suis tromp et de quelle fa on j'ai eu supporter mon d pit. Mais justement, c'est cette poque que j'ai h rit de mon cousin et que mes pens es ont recouvr leurs premi res inclinations. Six ans se sont pass s depuis que j'ai pris la pr sente d cision. A pr sent, je peux m me me rappeler l'heure o . je me suis vou cette entreprise importante. J'ai commenc par habituer mon corps la fatigue. J'ai accompagn des baleiniers dans plusieurs exp ditions en mer du Nord; je me suis volontairement soumis au froid, au je ne, la soif, l'absence de sommeil. Pendant la journ e, j'ai souvent travaill plus dur que n'importe quel marin, alors que la nuit, j' tudiais les math matiques, les th ories m dicales et ces branches de la science physique par lesquelles un marin peut tirer le grand profit.

6 A deux reprises, je me suis engag comme contre-ma tre pour la p che au Gro nland et je me suis acquitt de ma t che . merveille. Et j'avoue m me avoir prouv une certaine fiert lorsque le capitaine m'a offert le commandement en second de son vaisseau avant de me demander de rester . bord, tant il tait satisfait de mes services. Et maintenant, ma ch re Margaret, ne suis-je pas en tat d'accomplir quelque chose de grand? J'aurais pu vivre dans l'aisance et le luxe mais, loin de me complaire dans la fortune, j'ai pr f r la gloire. Oh, si une voix encourageante pouvait me r pondre par l'affirmative! Mon courage et ma r solution sont in branlables, bien que mes espoirs connaissent des hauts et des bas et que je me sente souvent d prim . Je vais donc entreprendre ce long et p rilleux voyage dont les vicissitudes exigeront toute ma force d' me. Et je dois non seulement stimuler le moral des autres mais pr server le mien, lorsqu'ils seront dans l' preuve.

7 C'est la meilleure saison pour voyager en Russie. On vole rapidement sur la neige dans les tra neaux: le mouvement en est doux et, selon moi, beaucoup plus agr able qu'une diligence anglaise. Le froid n'est pas excessif pour peu qu'on soit envelopp de fourrures - un costume que j'ai d j adopt , car il y a une grande diff rence entre se promener sur un pont et rester assis plusieurs heure sans remuer, sans qu'aucun exercice emp che le sang de geler dans vos veines. Je n'ai nullement l'intention de perdre la vie sur la route entre Saint-P tersbourg et Archangel. Je partirai pour cette ville dans deux ou trois semaines et mon intention est d'y louer un vaisseau, ce qui facile en versant une caution au propri taire, et d'engager autant de matelots que je croirai n cessaires parmi ceux qui sont habitu s la p che la baleine. Je ne compte pas partir avant le mois de juin. Et quand serais-je de retour?

8 Ah! Ma ch re soeur, comment r pondre cette question? Si je r ussis, des mois, des ann es peut- tre s' couleront avant nos retrouvailles! Sinon, vous me reverrez bient t - ou jamais. Adieu, ma ch re, ma tendre Margaret. Que le ciel vous b nisse et qu'il me prot ge afin que je puisse toujours t moigner ma gratitude pour tout votre amour et vos bont s. Votre fr re affectionn , DEUXI ME LETTRE. A Madame Saville, en Angleterre Archangel, 28 mars Que le temps passe lentement ici, o je suis entour par la glace et par la neige! Mais j'ai progress d'un pas dans mon entreprise. J'ai lou un vaisseau et je suis occup . r unir des matelots. Ceux que j'ai d j engag s semblent tre des hommes sur lesquels je puis compter et qui, . coup s r, poss dent un courage in branlable. Mais un de mes souhaits n'a pas encore pu tre exauc et cette lacune est pour moi le plus grand des maux. Je n'ai pas d'ami, Margaret: si je suis entra n par l'enthousiasme du succ s, personne ne pourra participer ma joie.

9 Si je rencontre quelque revers, qui me redonnera du courage? Je confierai mes pens es au papier, il est vrai, mais c'est un pauvre moyen de communiquer ses sentiments. J'aimerais avoir la compagnie d'un homme qui sympathiserait avec moi et dont le regard r pondrait au mien. Vous devez me juger romantique, ma ch re soeur, mais j'ai r ellement besoin d'un ami. Je ne connais personne pr s de moi qui soit affectueux et courageux, qui ait quelque culture, des go ts semblables aux miens, qui aime ce que j'aime, qui puisse approuver ou amender mes plans. Comment trouver un ami capable de r parer les fautes de votre pauvre fr re! Je suis trop ardent dans l'ex cution de mes travaux et trop impatient devant les difficult s. Mais le plus grave, c'est que je me suis duqu . moi-m me: durant les quatorze premi res ann es de mon existence, je n'ai rien fait que de banal et je n'ai lu que les livres de voyage de l'oncle Thomas.

10 A un ge plus avanc , j'ai commenc d couvrir les po tes les plus c l bres de notre pays mais ce n'est que lorsque je me suis rendu compte que je ne pouvais plus en tirer profit que j'ai compris quel point il tait n cessaire d'apprendre la langue des autres pays. A pr sent, j'ai vingt-huit ans et, en r alit , je suis moins cultiv que la plupart des gar ons de quinze ans. Il reste que je pense davantage et que mes songeries sont plus vastes et plus magnifiques, quoiqu'elles manquent de coh rence (comme le disent les peintres). Oui, j'ai grandement besoin d'un ami - un ami qui serait assez sens pour ne pas me prendre pour un romantique et dont la compagnie pourrait quelque peu temp rer mes extravagances. Baste, ce sont l des plaintes inutiles! Ce n'est certainement pas dans l'oc an immense que je trouverai un ami, ni davantage ici Archangel, parmi les marchands et les marins. Toutefois, des sentiments qu'on ne s'attend pas rencontrer chez des tres rudes animent certains coeurs.


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