Example: dental hygienist

La Cour des Miracles de l’H^opital - Psychaanalyse

La Cour des Miracles de l H opitalJ er ome ThomasTo cite this version:J er ome Thomas. La Cour des Miracles de l H opital. La sant e dans l espace public, Presses del EHESP, , 2010.<halshs-00578605>HAL Id: halshs-00578605 on 21 Mar 2011 HALis a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research archive ouverte pluridisciplinaireHAL, estdestin ee au d ep ot et `a la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publi es ou non, emanant des etablissements d enseignement et derecherche fran cais ou etrangers, des laboratoirespublics ou priv r me THOMAS La Cour des Miracles de l h pital Les urgences m dicales et psychiatriques vues travers la presse locale lyonnaise Dans les m dias, les urgences hospitali res pr sentent l ambivalence d tre montr es tant t comme le parent pauvre de l h pital comme lieu paradigmatique de la crise actuelle l h pital en termes de manque de personnels et de difficult s financi res-, tant t comme le lieu d exercice d une m decine scientifique, experte.

Jérôme THOMAS La Cour des Miracles de l’hôpital Les urgences médicales et psychiatriques vues à travers la presse locale lyonnaise Dans les médias, les urgences hospitalières présentent l’ambivalence d’être montrées tantôt

Information

Domain:

Source:

Link to this page:

Please notify us if you found a problem with this document:

Other abuse

Transcription of La Cour des Miracles de l’H^opital - Psychaanalyse

1 La Cour des Miracles de l H opitalJ er ome ThomasTo cite this version:J er ome Thomas. La Cour des Miracles de l H opital. La sant e dans l espace public, Presses del EHESP, , 2010.<halshs-00578605>HAL Id: halshs-00578605 on 21 Mar 2011 HALis a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research archive ouverte pluridisciplinaireHAL, estdestin ee au d ep ot et `a la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publi es ou non, emanant des etablissements d enseignement et derecherche fran cais ou etrangers, des laboratoirespublics ou priv r me THOMAS La Cour des Miracles de l h pital Les urgences m dicales et psychiatriques vues travers la presse locale lyonnaise Dans les m dias, les urgences hospitali res pr sentent l ambivalence d tre montr es tant t comme le parent pauvre de l h pital comme lieu paradigmatique de la crise actuelle l h pital en termes de manque de personnels et de difficult s financi res-, tant t comme le lieu d exercice d une m decine scientifique, experte.

2 Hypertechnicis e avec ses m decins h ro ques qui sauvent des vies et donc, cette fois, figure de proue de l h pital1. Dans une certaine mesure en effet, les urgences hospitali res sont un lieu fait de paradoxes puisqu elles disposent la fois de moyens humains et techniques importants, embl mes de l volution vers une logique de performance de l h pital contemporain, tout en tant un lieu d accueil ouvert sur la ville, c est- -dire ouvert de mani re indiff renci e aux souffrances multiformes de la soci t dans leurs dimensions somatiques, psychiques et sociales qui peuvent parfois tre imbriqu es chez un m me patient. Ces patients-l , dont le recours est difficilement r ductible une seule symptomatologie, ne sont pas facilement orientables vers les services d aval de sp cialit de l h pital qui pr f rent recevoir, pour tre rentables, un sympt me ou un diagnostic calibrable et caract risable en termes de tarification hospitali re2.

3 Ces patients sont alors souvent orient s vers les quipes de psychiatrie qui interviennent dans les services d urgence. Ici, une autre clinique se met en place, accueillant non plus le patient uniquement via son sympt me, mais en donnant un statut particulier sa parole, lui permettant de donner du sens l v nement malheureux qui le submerge et qui a justifi le recours aux urgences. En somme, la psychiatrie, aux urgences, permet la relation th rapeutique de retrouver ses dimensions proprement anthropologiques et communicationnelles3, aspects effectivement non quantifiables de la m decine, donc non-rentables du point de vue de la productivit du soin. Cette absence de rentabilit , dans une soci t de la performance4 dont fait d sormais partie la m decine5, est susceptible d tre saisie par le discours d acteurs sociaux, dont la presse crite r gionale lyonnaise (corpus tudi ici) qui, en couvrant les situations de crise aux urgences (engorgement, faits-divers), se rallie implicitement une conception entrepreneuriale de l h pital.

4 Cette contribution vise donc comprendre comment la presse r gionale se saisit de ces paradoxes et tensions propres aux urgences qui sont fondamentalement un lieu o se d ploient cliniques et accueils de la d tresse diff renci s et o sont donn s voir deux mod les de l h pital : entreprise (rentabilit de l activit m dicale) ou agent de la m diation politique et sociale (accueil indiff renci et non-orient par la productivit de la d tresse). 1 Cette ambivalence se voit tr s bien dans les chroniques de Charlie Hebdo du tr s m diatique Patrick Pelloux, aujourd hui r unies dans un ouvrage (Pelloux, 2007) 2 Et aussi en termes de prestige scientifique, si la pathologie que pr sente le patient peut faire l objet d un programme de recherche scientifique. Sur l entrecroisement de la rentabilit conomique et scientifique et le poids que cela p se sur la prise en charge d urgence, voir les travaux de (2006).

5 Pour une approche qui rende compte du virage entrepreneurial de l h pital, de la valorisation technique du soin via les TIC et du changement cons quent de la relation soignante par la tarification des actes hospitaliers assist e par les nouvelles technologies, voir Panico (1999 : 45-46, 2002). 3 Cette contribution s inscrit dans le cadre plus large d une th se portant sur les aspects de communication et de m diation de la psychiatrie d urgence, men e sous la direction de Bernard Lamizet, l Universit Lyon 2. Pour des d veloppements sur ces aspects anthropologiques et communicationnels du soin et son efficacit symbolique non-quantifiable, voir Le Breton (1991, 1996, 2003), Aug et Herzlich (1984) et Thomas (2009). 4 Ehrenberg (1998) 5 Voir Papadakos Vassilios, Clinique sous influence (1999) pour ce qui concerne sp cifiquement la psychiatrie. Au-del , le traitement m diatique de l urgence psychiatrique est int ressant dans la mesure o , d une part, l urgence est un domaine d activit de l h pital qui est saisi par la presse pour faire de la sant un probl me public et, d autre part, parce que ce domaine n est pas saisi, particuli rement dans la presse r gionale, au m me titre que d autres probl mes de sant publique.

6 En effet, dans le cas de la psychiatrie, les malades font l objet d une stigmatisation importante et durable alors que le mouvement g n ral est plut t orient vers la mise en avant du t moignage et de la parole du malade dans les m dias6. En r alit , le traitement m diatique de la psychiatrie d urgence dans la presse r gionale suit une mani re de faire traditionnelle de la presse crite qui privil gie la parole de l expert-m decin ou la valorisation d une m decine hautement technique au d triment de la parole du patient. A cela s imbrique une vision classique de la psychiatrie qui d qualifie, suivant les circonstances (faits-divers, engorgement du service d urgence), le psychiatre par rapport ses coll gues soignants (dans une sorte de contagion de la repr sentation donn e des patients de la psychiatrie vers celui qui les accueille7). Ce texte pose donc deux questions : l une, politique, sur la place de la sant mentale dans l espace public d termin e travers son traitement m diatique, l autre, plus proprement communicationnelle, sur les proc d s de construction du discours et du r cit m diatiques sur la psychiatrie d urgence.

7 L analyse qui va suivre s appuie sur un corpus de presse crite r gionale quotidienne (Le Progr s, Lyon Lib ration, Le Figaro Lyon, Le Monde dition Rh ne-Alpes) et hebdomadaire (Lyon Capitale) lyonnaise. Il est compos de 80 articles s tendant sur la p riode 1991-2009. Tous les articles faisant r f rence au Pavillon N ont t int gr s au corpus. Le pavillon N est le plus grand service d urgence lyonnais. Situ l h pital Edouard Herriot, h pital g n ral, il re oit les urgences m dicales et psychiatriques au rythme moyen de 100 recours par jour (dont 20 pour la psychiatrie). Il constitue par ailleurs le terrain bien connu de notre recherche ethnographique, ce qui permet de mettre en perspective observations ethnographiques et repr sentations m diatiques. Dans la mesure o il s tend sur une p riode relativement longue, le corpus permet d identifier des permanences tonnantes dans le traitement m diatique de la psychiatrie d urgence et de ses patients, notamment l utilisation r p t e de la figure de la Cour des Miracles et celle du fou violent, cela ind pendamment du titre de presse et de l auteur de l article.

8 La m thodologie employ e est l analyse de discours, en particulier l analyse de l nonciation partir des recommandations de (1994). L tude des proc d s nonciatifs permet en effet de rendre compte, de mani re g n rale, de la position relative du journal par rapport ce qu il nonce (son rapport la sant , la maladie, la psychiatrie, l urgence) et, en m me temps, dans une optique plus proprement s miotique d analyse du texte, d tablir un sch ma de la distribution des paroles l gitimes (entre patients et soignants, entre soignants eux-m mes) dans l espace du texte et des constructions discursives de figures (comme la Cour des Miracles ) qui permettent d tudier des cat gories interpr tatives de mise en sens de la r alit . L attention s est donc port e sur l tude des verbes, adverbes et locutions qui v hiculent des modalit s appr ciatives pour saisir dans quelle position se met l nonciateur et comment il organise les r les relatifs pr sents dans son r cit.

9 Cela permet de r pondre une s rie de questions : y a-t-il une diff rence d appr ciation entre les patients relevant de l urgence somatique et ceux relevant de l urgence psychiatrique, de quelle nature ? Quelle place 6 Plus particuli rement la t l vision (Romeyer, 2007). 7 Le psychiatre aussi fou que ses patients est une repr sentation sociale courante. symbolique est-elle assign e aux patients relevant de l urgence psychiatrique par rapport au nous repr sent par le journal et ses lecteurs ? Dans cette logique de recherche, une importance cruciale a t donn e l analyse des proc d s de citation qui rendent compte de la distribution des paroles l gitimes, de leur modalisation (par les verbes introducteurs) et de la mani re dont le journal dresse des injonctions aux pouvoirs publics travers la parole de certains soignants et patients.

10 Toujours dans la m me optique, le discours rapport et l intertextualit ont t analys s pour comprendre la mani re dont le savoir m dical sur l urgence tait int gr au discours de presse : est-il donn brut, explicit , vulgaris ; peut-on d celer une diff rence dans la transcription du discours des somaticiens et celui de la psychiatrie ? Enfin, parce que l urgence psychiatrique est un ph nom ne qui implique de mettre en r cit l insens , la mort, la crise, la souffrance, notions susceptibles de r veiller des imaginaires importants, les champs lexicaux relatifs la description de ces notions ont t relev s et class s. Ainsi, au carrefour entre les interrogations sur les enjeux de l accueil de la d tresse psychique l h pital et l appr hension m diatique de l urgence comme probl me public en rapport la sant , une question merge : dans quelle mesure et selon quels processus le mouvement politique actuel de mutation de l h pital est-il m diatis par la presse r gionale d s lors qu elle est amen e traiter de l urgence, en particulier psychiatrique ?