Leçon n° 2 L'Europe des Lumières

1 Le on n 2 : L europe des Lumi res : circulation des id es, despotisme clair et contestation de l absolutisme Introduction: Au XVIIIe si cle, des penseurs et des savantsavancent des id es nouvelles, ou en r actualisent d anciennes,qui vont l encontre de la soci t d ordre et des principes dela monarchie absolue. Leurs critiques politiques et sociales,leurs d couvertes, qui se diffusent peu peu, permettent unerelecture du monde fond e sur l exp rience et la matique : De quelles mani res l ordre social, politique etreligieux du XVIIIe si cle est-il remis en cause par lesLumi res ?I Un mouvement intellectuel, philosophique et scientifiqueA Que sont les Lumi res ?Les Lumi res selon Emmanuel Kant Les Lumi res se d finissent comme la sortie de l'homme horsde l' tat de minorit , o il se maintient par sa propre faute.

2 Laminorit est l'incapacit de se servir de son entendement sans tre dirig par un autre. Elle est due notre propre fautequand elle r sulte non pas d'un manque d'entendement, maisd'un manque de r solution et de courage pour s'en servir sans tre dirig par un autre. Sapere aude ! Aie le courage de teservir de ton propre entendement ! Voil la devise desLumi res .Revue Berlinische Monatsschrift, d cembre 1784 Les Lumi res selon Emmanuel Kant La paresse et la l chet sont les causes qui expliquent qu un si grand nombred hommes, apr s que la nature les a affranchis depuis longtemps de toute direction trang re, restent cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu ilsoit sifacile d autres de se poser comme leurs tuteurs. Il est si commode d tre j ai un livre qui me tient lieu d entendement, un directeur qui me tient lieudeconscience, un m decin qui juge de mon r gime ma place, etc.

3 , je n ai pas besoin deme fatiguer moi-m me. Je ne suis pas oblig de penser, pourvu que je puissepayer ;d autres se chargeront pour moi de cette besogne fastidieuse. Que la plupart deshommes finissent par consid rer le pas qui conduit vers sa majorit , etqui est ensoi p nible, galement comme tr s dangereux, c est ce quoi ne manquent pas des employer ces tuteurs qui, par bont , ont assum la t che de veiller sureux. Apr savoir rendu tout d'abord stupide leur b tail domestique, et soigneusement prisgarde que ces paisibles cr atures ne puissent oser faire le moindre pas hors duparco ils les ont enferm es, ils leur montrent ensuite le danger qu'il y aurait essayerde marcher tout seul. Or le danger n est sans doute pas si grand que cela, tantdonn que quelques chutes finiraient bien par leur apprendre marcher ; maisl'exemple d'un tel accident rend malgr tout timide et fait g n ralement reculerdevant toute autre tentative.

4 Il est donc difficile pour chaque individu de sortir dela minorit , qui est presque devenue pour lui nature .Revue Berlinische Monatsschrift, d cembre 1784 Lavoisier, un savant du si cle des Lumi res Il n est donc pas tonnant que dans les sciencesphysiques en g n ral, on ait souvent suppos aulieu de conclure ; que les suppositions transmisesd ge en ge, soient devenues de plus en plusimposantes par le poids des autorit s qu elles ontacquises, & qu elles ayent enfin t adopt es &regard es comme des v rit s fondamentales,m me par de tr s-bons esprits. Le seul moyen depr venir ces carts, consiste supprimer ou aumoins simplifier autant qu il est possible leraisonnement, qui est de nous & qui seul peut nous garer ; le mettre continuellement l preuve del exp rience ; ne conserver que les faits qui nesont que des donn es de la nature, & qui nepeuvent nous tromper ; ne chercher la v rit quedans l encha nement naturel des exp riences & desobservations (.)

5 Convaincu de ces v rit s, je mefuis impos la loi (..) de ne d duire aucunecons quence qui ne d rive imm diatement desexp riences, & des observations, & d encha ner lesfaits & les v rit s chimiques dans l ordre le pluspropre en faciliter l intelligence auxcommen ans .Trait l mentaire de chimie, David, huile sur toile, 1788A Que sont les Lumi res ?Trace: Au XVIII me si cle en europe , une nouvelle g n rationde savants et hommes de lettres d fend l usage del intelligence et de l esprit critique pour faire triompher leslibert s. Selon Kant, la raison doit clairer la soci t et lasortir de l ignorance pour faire le bonheur des hommesdevenus autonomes intellectuellement. Dans le domaine dessciences, Lavoisier, fondateur de la chimie moderne, avanceque la r ussite d coule de l exp rience, de l observation et duraisonnement personnel.

6 Ces penseurs se donnent le nomdephilosophes, ils font partis d un mouvement intellectuel etcourant de pens e dit des Lumi Des id es et des d couvertes qui remettent en cause l ordre social, politique et religieuxMonarchie absolue et soci t d ordresUne monarchie absolueUne soci t d'ordresLa soci t est divis e en trois ordres : le clerg , la noblesse et le tiers tat (qui regroupe 98% de la population)La noblesse et le clerg sont des ordres privil gi s La noblesse ne paie pas l'imp t royal, a des emplois r serv s dans l'administration et l'arm e, a des privil ges judiciaires et honorifiques (droit de porter l' p ).Le roi, lieutenant de Dieu sur Terre Le roi peut changer toutes les lois de ses pr d cesseurs Le roi interdit la libert de culte Censure royale sur la presse Par lettre de cachet, le roi peut emprisonner qui il veut sans jugement Le roi doit cependant respecter les coutumes du royaumesManuel Hatier 2016, p.

7 Par Quentin de la TourQuentin de la Tour, autoportrait l indexNaissance : 16941717 : emprisonn pouroffense envers le r gent1726 : 2nd emprisonnementpuis exil en Angleterre1728 rentre en France,impr gn des id es deNewton, de Bacon et de Locke1733 rencontre Gabrielle milie Le Tonnelier deBreteuil, marquise Du Ch telet1735 quitte Paris sous lapression polici re, se r fugiedans le vieux ch teau de Cirey1749 mort de Madame duCh telet, Voltaire se rend lacour de Fr d ric II ach te un domaine Ferney sur la fronti rentre paris et du Ch telet, BNFV oltaire : la famille Calas plaidant sa causeAnonyme XVIII si adieux de Calas sa familleJean-Jacques Bestieu, Les adieux de Calas sa famille,Dernier quart du XVIIIe s.

8 , huile sur toile, 70 x 104 au matin du 10 mars1762, avant l ex cution deJean Calas. Dans sa prison, lecondamn re oit la derni revisite de sa famille tandis queses ge liers introduisent l undes deux pr tres dominicainsqui vont l assister, tout au longde son supplice et recueillir,peut- tre, son abjuration. Levieux calviniste est assis, laBible sur les genoux, les fersaux pieds, entour de ses filles plor es et de son fils tient la main de sa femmeeffondr ededouleur,soutenue par le jeune Lavaisse,un ami de la famille. Aupremier plan, la fid le servantecatholique, Jeanne Vigui re,est agenouill e en pri Des id es et des d couvertes qui remettent en cause l ordre social et politiqueTrace: Fran ois-Marie Arouet dit Voltaire est un des plusimportants repr sentants de l europe des Lumi res.

9 Ecrivainengag , plusieurs fois emprisonn pour ses prises de positioncontre la monarchie absolue (r gime politique dans lequel le roia tous les pouvoirs) fran aise et les ordres privil gi s, il futgrandement influenc par les crits de John Locke lors de sonexil en Angleterre. Avec l affaire Calas, du nomde ceprotestant accus du meurtre de son fils parce que celui-ciaurait souhait se convertir au catholicisme, il se fit led fenseur de la tol rance religieuse et l ennemi du tira de cette affaire son trait sur la tol rance (1763)et parvint r habiliter la m moire de Calas en 1765 apr s unsecond proc , Locke, Rousseau Lorsque, dans une m me personne ou dans le m mecorps de magistrature, la puissance l gislative estr unie la puissance ex cutrice, il n'y a point delibert ; parce qu'on peut craindre que le m memonarque ou le m me s ant ne fasse des loistyranniques, pour les ex cuter Locke, 2nd trait du gouvernement civil, 1690Le tremblement de terre de Lisbonne en 1755 Manuel Hachette 2016, p.

10 Des id es et des d couvertes qui remettent en cause l ordre social et politiqueTrace: Les Lumi res d noncent la monarchie absolue, lasoci t d ordres et les privil ges accord s aux nobles et auclerg . S appuyant sur les id es de jean Bodin ou de JohnLockeen Angleterre, Montesquieu se prononce pour las parationdes pouvoirs ex cutifs, l gislatifs et que la loi, gale pour tous, doit tre la volont dupeuple et pense que la division de la soci t en ordres estvou dispara tre. Le philosophe allemand Kant d fendl observationet l analyse pour expliquer les ph nom nesnaturelsface ceux qui ne voient que l uvre de dieu. Enfin, lalibert d expression et d opinion, l galit des droits, la libert ducommerce sont d autres id es v hicul es par le mouvementdesLumi La diffusion des id esA Soci t s savantes et loges ma onniquesmembres et correspondants des six principales acad mies europ ennes, vers 1778 acad mies de province en loges ma onniques en France au XVIIIe si cleGravures ma onniques [Michel Hennin ou Jacques-Philippe Le Bas] loges ma onniques en France au XVIIIe si cleD apr s Magazine l Histoire n 256, juillet-ao t 2001A Soci t s savantes et loges ma onniquesTrace: Le mouvement des Lumi res est un temps de d bats etde discussion.