LES DEFICITS EN VITAMINE C Dr Anne Galinier, Dr …

1 LES DEFICITS EN VITAMINE C Dr anne galinier , Dr Leonardo Astudillo Pourquoi voquer des d ficits en VITAMINE C ? L tude r cente SUVIMAX a permis de confirmer qu il existe un risque lev de d ficit en VITAMINE C en France, touchant 7 12% des hommes adultes et seulement chez 3 5 % des femmes. 20% des adultes ont des apports inf rieurs aux 2/3 des apports recommand s, les apports spontan s en VITAMINE C tant plus lev s chez la femme que chez l homme. 10 46% des hommes et 3 15% des femmes ont un taux plasmatiques anormalement bas. Sur Toulouse une tude descriptive et r trospective sur 1 an (septembre 2006- septembre 2007) a permis d analyser le profil des patients du CHU dont le taux de VITAMINE C tait bas (< 2,5 mg/L, seuil scorbutique).

2 74 dossiers sont exploitables pour 100 taux bas sur 600 analyses dans l ann e. L ge moyen est de 57 ans (12 96 ans). Les patients de plus de 65 ans repr sentent 42% des cas avec un sexe ratio de 1. La majorit des patients vivent leur domicile 85%, 10,8% sont en institution et 4% sont sans domicile fixe. Le fait de vivre seul ou d tre en institution est statistiquement associ un taux plus bas de VITAMINE C. La consommation chronique d alcool est significativement associ e un taux tr s faible de VITAMINE C (<1 mg/l). La pr sence d un anticoagulant ou antiagr gant est retrouv e dans 28,4% de patients qui pr sentent plus de signes h morragiques.

3 Sur le plan clinique, des signes h morragiques taient pr sents chez 21,6% des patients sous forme de purpura, h matome, ecchymoses. Il n est cependant pas retrouv d association significative entre des taux bas et des complications h morragiques, ce qui fait voquer la possibilit du r le d un autre facteur suppl mentaire associ , sans doute vasculaire. Les patients pr sentaient galement des arthalgies (6,75%) et/ou des signes cutan s comme une hyperkeratose, ichtyose ou ulc ration (6,75%) ainsi que des signes stomatologiques type de gingivite dans 4% des cas.

4 60,8% des patients sont asymptomatiques, mais dans de nombreux dossiers, les signes cliniques voqu s ci-dessus n taient pas recherch s de mani re syst matique au moment du dosage. Il nous semble donc tr s important de rep rer les populations risque. Dans cette tude, les diagnostics principaux pouvant expliquer les taux bas de VITAMINE C par d faut d apport ou augmentation des besoins sont les maladies digestives avec malabsorption ou des montages chirurgicaux, la nutrition parent rale, les n oplasies, les troubles psychiatriques avec troubles du comportement alimentaire, les patients pr sentant un amaigrissement important dans le cadre de pathologie infectieuse et les sujets socialement d favoris s.

5 Dans ce contexte il ne faut pas oublier de rechercher une carence en folate qui est fr quemment associ e. Dans quelle(s) circonstance(s) penser un d ficit en VITAMINE C? Il faut voquer un d ficit en VITAMINE C (ou acide L- ascorbique) devant les signes cliniques bien connus d'un scorbut, mais galement lorsque des signes plus frustres ou g n raux sont observ s. Le d ficit en VITAMINE C sera rarement le facteur d terminant du sympt me, mais certainement un facteur favorisant du fait de l'implication essentielle de l'acide ascorbique comme cofacteur de nombreuses enzymes. Tableau clinique du scorbut Signes cliniques frustres asth nie puis douleurs ost o-articulaires oed mes distaux folliculite hyperk ratosique h morragies cutan omuqueuses (nez, gencives, sous-cutan e) retard de cicatrisation complications infectieuses et/ou respiratoires scorbut infantile (maladie de Barlow) h matomes sous-p riost s (radiographies des os longs)

6 Largissement de l extr mit ant rieure des c tes asth nie anorexie myalgie et faiblesse musculaire tachycardie dyspn e susceptibilit aux infections Dans nos pays occidentaux, la carence totale (qui est observ e au bout de 8 semaines avec moins de 10 mg de VITAMINE C par jour, le pool total chez l homme est de l ordre de 1,5 2 g sans stockage particulier, le cristallin et les surr nales sont particuli rement riches en VITAMINE C) est rarement retrouv e, cependant du fait des habitudes alimentaires , de la diminution de la densit nutritionnelle de certains aliments, de la diminution spontan e des apports caloriques, les apports quotidiens en VITAMINE C peuvent tre fragilis s dans certains groupes de population qui pr sentent des d faut d'apport, des besoins m taboliques accrus ou des pertes excessives.

7 D faut d apport Besoins accrus Pertes excessives alcoolisme jeunes hommes personnes g es nutrition artificielle malabsorption chronique r gimes restrictifs alcoolisme diab te tabagisme femmes enceinte, allaitante polym dicament dialyse Comment objectiver un d ficit en VITAMINE C? Un d ficit en VITAMINE C peut tre valu par un dosage biochimique quantitatif dans le s rum pr lev jeun. Cette analyse est de r alisation assez simple et les laboratoires priv s ont acc s des plateaux techniques comp tents. Le co t du dosage est actuellement factur au patient entre 35 et 40 euros suivant les laboratoires, sans prise en charge par la s curit sociale.

8 La valeur cible est de 10 mg de VITAMINE C totale par litre de s rum. A ce taux il est d montr que l'ensemble des cellules de l'organisme a un statut suffisant en VITAMINE C. Il est d crit des niveaux de d ficits biologiques (mod r , s v re, scorbutique). Ces niveaux peuvent avoir une valeur pid miologique mais l' chelle individuelle, on observe une grande variabilit dans la cons quence clinique d'un taux s rique bas en VITAMINE C. Cependant il est admis qu'en dessous de 2,5 mg de VITAMINE C par litre de s rum, les voies m taboliques li es la pr sence de VITAMINE C sont mises en danger. Quelle(s) est(sont) la(les) cons quence(s) d'un d ficit en VITAMINE C?

9 Les cons quences m taboliques puis cliniques d'un d ficit en VITAMINE C sont li es ses actions biochimiques: - en tant que cofacteur d'hydroxylases : * de la lysine et de la proline pour la synth se des fibres de collag ne et l int grit des tissus conjonctifs * de la ph nylalanine en tyrosine et voie de synth se des catecholamines * voie de synth se de la carnitine * voie m tabolique du cytochrome P450 pour la transformation du cholest rol en acides biliaires et la d gradation des substances exog nes - en tant que puissant r ducteur * du fer ferrique (Fe+++, oxyd ) non h minique en fer ferreux (Fe++, r duit) qui est absorb , qui peut tre mobilis d un compartiment de transport (transferrine) vers ceux de stockage (ferritine)

10 * en inhibant la synth se des nitrosamines (compos s canc rig ne) partir des nitrites alimentaires - la VITAMINE C participe une diminution de la sensibilit de l organisme l histamine, une augmentation de la mobilit des polynucl aires neutrophiles et de la maturation des lymphocytes. Quel niveau d apport en VITAMINE C ? Il n'est pas d montr ce jour qu'un apport "suppl mentaire" en VITAMINE C puisse avoir une quelconque action de pr vention primaire vis vis de maladie cardiovasculaire ou tumorale. Par contre s' vertuer conserver un statut ad quat en VITAMINE C tout au long de la vie est un gage de bon fonctionnement m tabolique, ce qui est vrai et fondamental pour tout micronutriment.