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Les salaires à la SNCF - ies-salariat.org

Au d but des ann es 1990, la Commission europ enne a lanc un vaste programme de lib ralisation des chemins de fer contraignant les pays de l Union europ enne ouvrir leur march ferroviaire la concurrence. Depuis lors, l instar des autres op rateurs historiques (British Rail, Deutsche Bahn, Ferrovie dello ), la Soci t Nationale des Chemins de fer Fran ais (SNCF) conna t des restructurations importantes touchant son organisation, l emploi, mais aussi aux r mun rations. Cette dynamique de transformation de la SNCF sera tudi e ici travers la question du salaire, cette dernier apparaissant comme un analyseur d volutions lentes mais profondes du secteur ferroviaire. En prenant appui sur des ressources documentaires diverses (bilans sociaux, archives, documents ) et des entretiens, il s agit, en premier lieu, d clairer les logiques internes relatives la nature traduction d une certaine culture , la structuration et la production des r mun rations la SNCF.

Au début des années 1990, la Commission européenne a lancé un vaste programme de libéralisation des chemins de fer contraignant les pays de l’Union européenne à ouvrir

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1 Au d but des ann es 1990, la Commission europ enne a lanc un vaste programme de lib ralisation des chemins de fer contraignant les pays de l Union europ enne ouvrir leur march ferroviaire la concurrence. Depuis lors, l instar des autres op rateurs historiques (British Rail, Deutsche Bahn, Ferrovie dello ), la Soci t Nationale des Chemins de fer Fran ais (SNCF) conna t des restructurations importantes touchant son organisation, l emploi, mais aussi aux r mun rations. Cette dynamique de transformation de la SNCF sera tudi e ici travers la question du salaire, cette dernier apparaissant comme un analyseur d volutions lentes mais profondes du secteur ferroviaire. En prenant appui sur des ressources documentaires diverses (bilans sociaux, archives, documents ) et des entretiens, il s agit, en premier lieu, d clairer les logiques internes relatives la nature traduction d une certaine culture , la structuration et la production des r mun rations la SNCF.

2 Ceci permet de rappeler la proximit de la SNCF avec la fonction publique en termes de mod le de r mun ration mais aussi de montrer, travers des comparaisons avec des entreprises des secteurs public ou priv , que les salaires la SNCF sont plut t faibles. Ces mat riaux fondent ensuite un tableau dynamique de l volution du niveau et de la structure des r mun rations depuis vingt ans. Il en ressort une relative stagnation de celles-ci (sauf exceptions). On constate, enfin, que les salaires bas s sur le m rite individuel tendent augmenter dans l entreprise avant de s interroger sur les objectifs poursuivis par la direction de la SNCF travers l introduction d une part variable des r mun rations puis de pr senter les strat gies ou r actions syndicales face ces changements. Principes des r mun rations la SNCF Le corpus des textes sur les r mun rations et, plus largement, le statut du personnel de la SNCF, sont clairants sur le mod le organisationnel de celle-ci et les repr sentations qui ont pr sid sa mise en place.

3 Par exemple, le RH0001 , c est- -dire le statut particulier des cheminots, d signe ces derniers comme des agents et non pas comme des salari s . Il mentionne aussi que les cheminots per oivent une solde ou un traitement plut t qu un salaire . Ces mots sont naturellement les marqueurs du mod le bureaucratique qui caract rise historiquement la SNCF. On pourrait galement parler d un mod le quasi militaire fond sur un certain mode de commandement et une organisation rationnelle. Ne pr te-t-on pas au g n ral de Gaulle la formule, probablement apocryphe : la SNCF c est l arm e plus la discipline ? Historiquement, le cheminot se distingue donc du salari du secteur priv qui vend sa force de travail un employeur. D s 1890, il est d ailleurs prot g par un contrat particulier, premi re bauche du contrat de travail moderne [Le Goff, 2004, p. 166]. Parall lement, le mode de calcul de la paie des cheminots voque celui des agents de la fonction publique : pour obtenir le traitement de base la SNCF, il faut multiplier un indice qui d pend de la qualification, de la position et de l chelon occup s dans l entreprise par la valeur du point.

4 En outre, comme dans la fonction publique, l amplitude de la carri re la SNCF est plut t constante, quelle que soit la qualification au d part. En fonction de celle-ci, on peut d terminer pour chaque cheminot la fin de carri re et donc, l volution de la r mun ration. Cela conduit certains dirigeants parler de carri re balistique [Beau et al., 2004, p. 95]. Les notes de l Institut Europ en du Salariat n 27 mai 2012 Les salaires la SNCF Inflexion n olib rale et r silience du statut Dominique Andolfatto, Universit de Lorraine Marnix Dressen, UVSQ Jean Finez, Universit de Lille 1 Les r mun rations, analys es la fois du point de vue de leur montant et de celui de leur logique de formation, constituent un indicateur puissant des transformations de la relation salariale et de ses implications. En s int ressant aux salaires la SNCF, Dominique Andolfatto, Marnix Dressen et Jean Finez insistent sur l inflexion n o-lib rale qui consiste individualiser les r mun rations.

5 Au-del d une simple technique de r mun ration, ils montrent que, par le biais de l individualisation et de la fragmentation de la politique salariale, c est une culture, une solidarit et une identit cheminotes incarn es par un syst me dans lequel toutes les soldes , du bas au haut de l chelle, taient li es l volution d un m me point d indice qui sont aujourd hui mises en cause. Dans ce type de march s du travail ferm s, aux carri res trac es, le niveau des salaires peut n anmoins fluctuer. la solde fixe peuvent s ajouter des l ments variables de solde (EVS) selon la terminologie cheminote : primes de travail, indemnit s tenant compte de certaines suj tions particuli res, gratifications, allocations attribu es titre de remboursement de frais. Pour les conducteurs de train, les primes de traction peuvent repr senter une part significative de leur revenu. Les cheminots b n ficient aussi d avantages en nature, sorte de salaire indirect : location d appartements ou de maisons des prix inf rieurs au march , facilit s de circulation (r ductions, voire gratuit , pour les trajets en chemin de fer pour l agent et sa famille), services Sans tre opaques, ces EVS ob issent une r glementation complexe et leur impact est tr s diff renci selon les fili res et les positions (les primes de traction peuvent repr senter par exemple un tiers d un salaire moyen).

6 D s lors, ils alimentent conjectures et pol miques. Niveau des r mun rations La r mun ration mensuelle brute moyenne la SNCF est en 2008 de 2 750 euros. Cela correspond son niveau moyen dans le secteur semi-public et priv (2 753 euros, selon l INSEE/DADS) et dans la fonction publique d tat (2 772 euros, selon le rapport annuel sur la fonction publique) pour la m me ann e. Des ex-monopoles publics comme France T l com ou lectricit de France (EDF) atteignent toutefois des niveaux de salaires bien plus importants (respectivement 3 149 euros et 4 011 euros, selon leurs bilans sociaux). Ainsi, l encontre d une id e largement r pandue, et m me s il est vrai qu il existe des formes indirectes de r mun rations la SNCF cit es plus haut mais elles existent aussi EDF, par exemple , les cheminots ne sont pas les plus avantag s en termes de r mun ration directe. Du point de vue de la structuration des r mun rations, les disparit s sont contenues la SNCF au regard des pratiques existant dans d autres entreprises.

7 En 2010, l cart interd cile qui est le rapport entre la r mun ration moyenne des 10 % de salari s touchant les r mun rations les plus lev es et celle des 10 % de salari s touchant les r mun rations les plus basses s l ve 2,6 la SNCF, contre 2,3 dans la fonction publique d tat, 3,4 France T l com et 5,9 la BNP Paribas, pour prendre l exemple d une entreprise du secteur bancaire. Si l on consid re les diff rences de genre en termes de r mun ration, de moindres in galit s caract risent la SNCF : en 2010, qualification quivalente, les hommes ont gagn 6 % de plus que les femmes, contre 10 % dans les entreprises du secteur priv poste et exp rience quivalents (INSEE-DARES pour 2006), 12,7 % France T l com (2010) et 22 % EDF (2010). En termes de hi rarchie de salaires , certaines cat gories de personnel ont des r mun rations plut t basses, en particulier en d but de carri re.

8 En 2010, alors que le SMIC mensuel brut s l ve 1 344 euros, pr s de 1 % des effectifs de la SNCF gagne moins de 1 500 euros (brut mensuel) et pr s de 5 % moins de 1 750 euros (brut mensuel). Pour la m me ann e, les agents d ex cution (cat gories A, B et C de la nomenclature, cf. tableau) gagnent en moyenne entre 1 800 et 2 400 euros brut par mois. La r mun ration des agents de la ma trise (cat gories D et E) s l ve en moyenne 2 800 euros, celle des agents de la traction (TA et TB) de 2 400 3 300 euros. Les cadres (cat gories F, G et H) gagnent de 3 400 5 000 euros, et les cadres sup rieurs 7 200 euros en moyenne. Le bilan social ne chiffre pas les r mun rations des 140 cadres dirigeantsqui, pour la plupart, ne rel vent plus du statut . Les informations recueillies permettent n anmoins de situer leur salaire mensuel brutmoyen environ 13 000 euros. Conform ment la l gislation en vigueur, les bilans sociaux de la SNCF publient toutefois les r mun rations (agr g es) des dix dirigeants les mieux pay s de l entreprise.

9 Ces top managers gagnent environ 25 800 euros (hors jetons de pr sence, dividendes et stock-options pour ceux qui g rent aussi une ou plusieurs des mille filiales du groupeSNCF). Ces r mun rations demeurent en r alit bien inf rieures celles des dirigeants des ex-monopoles publics (comme EDF ou France T l com). Elles sont encore plus loign es des salaires de leurs homologues la t te de grandes entreprises priv es, qui peuvent d passer 100 000 euros par mois. volution des r mun rations la SNCF de 1992 2010 Les reclassifications intervenues la SNCF en 1992 rendent difficile un examen de la dynamique des r mun rations ant rieurement. Depuis cette date, leur volution globale ne para t pas significative. Certes, selon notre calcul, le salaire brut moyen des cheminots aurait augment de 18 % (en parit de pouvoir d achat, soit en annulant l effet de l inflation).

10 Pourtant, aucune des diff rentes cat gories de personnel ne voit sa r mun ration s accro tre dans de telles proportions. En admettant que les chiffres publi s dans les bilans sociaux ne soient pas erron s, il est probable que ce paradoxe r sulte de deux l ments qui se combinent : d une part, l volution de la structure d mographique de l entreprise (vieillissement du personnel) et ses effets sur l augmentation l anciennet (ph nom ne dit du glissement, vieillesse, technicit ou GVT) et d autre part, un r quilibrage des effectifs au profit des cat gories sup rieures qui sont mieux r mun r es. En outre, la SNCF a filialis ou sous-trait nombre d activit s qui taient assur es par la main-d uvre la moins qualifi e. La tendance la disparition de ces emplois subalternes La SNCF a favoris le d veloppement d une culture du r sultat et de la performance individuelle.


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