Example: barber

MADAME BOVARY Gustave FLAUBERT - Pitbook.com

MADAME BOVARYG ustave FLAUBERTAMARIE-ANTOINE-JULES S NARDMEMBRE DU BARREAU DE PARISEX-PR SIDENT DE L'ASSEMBL E NATIONALEET ANCIEN MINISTRE DE L'INT RIEURCher et illustre moi d'inscrire votre nom en t te dece livre et au-dessus m me de a d dicace: carc'est vous, surtout, que j'en dois la passant par votre magnifique plaidoirie, monoeuvre a acquis pour moi-m me comme uneautorit impr vue. Acceptez donc ici l'hommagede ma gratitude, qui, si grande qu'elle puisse tre,ne sera jamais la hauteur de votre loquence etde votre d ,12 avril tions l' tude, quand le Proviseur entra,Suivi d'un nouveau habill en bourgeois et d'ungar on de classe qui portait un grand pupitre. Ceuxqui dormaient se r veill rent et chacun se levacomme surpris dans son Proviseur nous fit signe de nous rasseoir; puis,se tournant vers le ma tre d' tudes:- Monsieur Roger, lui dit-il demi-voix, voici un l veque je vous recommande, il entre en cinqui me.

MADAME BOVARY Gustave FLAUBERT. A MARIE-ANTOINE-JULES SÉNARD MEMBRE DU BARREAU DE PARIS EX-PRÉSIDENT DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE ET ANCIEN MINISTRE DE L'INTÉRIEUR Cher et illustre ami. Permettez moi d'inscrire votre nom en tête de ce livre et au-dessus même de ça dédicace: car

Tags:

  Madame, Gustave, Flaubert, Bovary, Madame bovary gustave flaubert

Information

Domain:

Source:

Link to this page:

Please notify us if you found a problem with this document:

Other abuse

Transcription of MADAME BOVARY Gustave FLAUBERT - Pitbook.com

1 MADAME BOVARYG ustave FLAUBERTAMARIE-ANTOINE-JULES S NARDMEMBRE DU BARREAU DE PARISEX-PR SIDENT DE L'ASSEMBL E NATIONALEET ANCIEN MINISTRE DE L'INT RIEURCher et illustre moi d'inscrire votre nom en t te dece livre et au-dessus m me de a d dicace: carc'est vous, surtout, que j'en dois la passant par votre magnifique plaidoirie, monoeuvre a acquis pour moi-m me comme uneautorit impr vue. Acceptez donc ici l'hommagede ma gratitude, qui, si grande qu'elle puisse tre,ne sera jamais la hauteur de votre loquence etde votre d ,12 avril tions l' tude, quand le Proviseur entra,Suivi d'un nouveau habill en bourgeois et d'ungar on de classe qui portait un grand pupitre. Ceuxqui dormaient se r veill rent et chacun se levacomme surpris dans son Proviseur nous fit signe de nous rasseoir; puis,se tournant vers le ma tre d' tudes:- Monsieur Roger, lui dit-il demi-voix, voici un l veque je vous recommande, il entre en cinqui me.

2 Sison travail et sa conduite sont m ritoires, il passeradans les grands, o l'appelle son ge. Rest dans l'angle, derri re la porte, si bien qu'onl'apercevait peine, le nouveau tait un gars de lacampagne, d'une quinzaine dq'ann es environ, etplus haut de taille qu'aucun de nous tous. Il avait lescheveux coup s droit sur le front, comme un chantrede village, l'air raisonnable et fort embarrass .Quoiqu'il ne fit pas large des paules, son habit-veste de drap vert boutons noirs devait le g neraux entournures et laissait voir, par la fente desparements, des poignets rouges habitu s tre jambes, en bas bleus, sortaient d'un pantalonjaun tre tr s tir par les bretelles. Il tait chauss desouliers forts, mal cir s, garnis de commen a la r citation des le ons. Il les coutade toutes ses oreilles, attentif comme au sermon,n'osant m me croiser les cuisses, ni s'appuyer surle coude, et, deux heures, quand la cloche sonna,le ma tre d' tudes fut oblig de l'avertir, pour qu'il sem t avec nous dans les avions l'habitude, en entrant en classe, dejeter nos casquettes par terre, afin d'avoir ensuitenos mains plus libres; il fallait, d s le seuil de laporte, les lancer sous le banc, de fa on frappercontre la muraille en faisant beaucoup de poussi re,c' tait l le , soit qu'il n'e t pas remarqu cette manoeuvreou qu'il n'e t os s'y soumettre, la pri re tait finieque le nouveau tenait encore sa casquette sur sesdeux genoux.

3 C' tait une de ces coiffures d'ordrecomposite, o l'on retrouve les l ments du bonnet poil, du chapska, du chapeau rond, de lacasquette de loutre et du bonnet de coton, une deces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette ades profondeurs d'expression comme le visage d'unimb cile. Ovo de et renfl e de baleines, ellecommen ait par trois boudins circulaires; puis,s'alternaient, s par s par une bande rouge, deslosanges de velours et de poils de lapin, venaitensuite une fa on de sac qui se terminait par unpolygone cartonn , couvert d'une broderie ensoutache compliqu e, et d'o pendait, au bout d'unlong cordon trop mince, un petit croisillon d'or,en mani re de gland. Elle tait neuve, la visi Levez-vous, dit le se leva; sa casquette tomba. Toute la classe semit se baissa pour la reprendre. Un voisin la fit tomberd'un coup de coude, il la ramassa encore une D barrassez-vous donc de votre casque, dit leprofesseur, qui tait un homme d' y eut un tire clatant des coliers quid contenan a le pauvre gar on, si bien qu'il nesavait s'il fallait garder sa casquette la main, lalaisser par terre ou la mettre sur sa t te.

4 Il se rassitet la posa sur ses Levez-vous, reprit le professeur, et dites-moi nouveau articula, d'une voix bredouillante, unnom R p tez!Le m me bredouillement de syllabes se fit entendre,couvert par les hu es de la Plus haut! cria le ma tre, plus haut!Le nouveau, prenant alors une r solution extr me,cuv t une bouche d mesur e et lan a pleinspoumons, connue pour appeler quelqu'un, ce fut un vacarme qui s' lan a d'un bond, monta encrescendo, avec des clats de voix aigus (on hurlait,on aboyait, on tr pignait, on r p tait: Charbovari,Charbovari, puis qui roula en notes isol es, secalmant grand peine, et parfais qui reprenait tout coup sur la ligne d'un banc o saillissait encore et l , comme un p tard mal teint quelque rire touff .Cependant, sous la pluie des pensums, l'ordre peu peu se r tablit dans la classe, et le professeur,parvenu saisir le nom de Charles BOVARY , ce l' tantfait dicter, peler et relire, commanda tout de suiteau pauvre diable d'aller s'asseoir sur le banc deparesse, au pied de la chaire.)

5 Il se mit enmouvement, mais, avant de partir, h Que cherchez-vous? demanda le Ma , fit timidement le nouveau, promenantautour de lui des regards cinq cents vers toute la classe! exclam d'unevoix furieuse, arr ta, comme le Quos ego, unebourrasque nouvelle. - Restez donc tranquilles! continuait le professeurindign , et s'essuyant le front avec son mouchoirqu'il venait de prendre dans sa toque: Quant vous,le nouveau, vous me copierez vingt fois le verberidiculus , d'une voix plus douce:- Eh! vous la retrouverez, votre casquette; on nevous l'a pas vol e!Tout reprit son calme. Les t tes se courb rent surles cartons, et le nouveau resta pendant deuxheures dans une tenue exemplaire, quoiqu'il tbien, de temps autre, quelque boulette de papierlanc e d'un bec de plume qui v nt s' clabousser sursa figure. Mais il s'essuyait avec la main, etdemeurait immobile, les yeux baiss soir, l' tude, il tira ses bouts de manches deson pupitre, mit en ordre ses petites affaires, r glasoigneusement son papier.

6 Nous le v mes quitravaillait en conscience, cherchant tous les motsdans le dictionnaire et se donnant beaucoup de ce, sans doute, cette bonne volont dont il fitpreuve, il dut de ne pas descendre dans la classeinf rieure; car, s'il savait passablement ses r gles,il n'avait gu re d' l gance dans les ' tait le cur de son village qui lui avait commenc le latin, ses parents, par conomie, ne l'ayantenvoy au coll ge que le plus tard p re, M. Charles-Denis-Bartholom BOVARY ,ancien aide-chirurgien-major, compromis, vers 1812,dans des affaires de conscription, et forc , verscette poque, de quitter le service, avait alors profit de ses avantages personnels pour saisir au passageune dot de soixante mille francs, qui s'offrait en lafille d'un marchand bonnetier, devenue amoureusede sa tournure. Bel homme, h bleur, faisant sonnerhaut ses perons, portant des favoris rejoints auxmoustaches, les doigts toujours garnis de bagues ethabill de couleurs voyantes, il avait l'aspect d'unbrave, avec l'entrain facile d'un commis fois mari , il v cut deux ou trois ans sur lafortune de sa femme, d nant bien, se levant tard,fumant dans de grandes pipes en porcelaine, nerentrant le soir qu'apr s le spectacle et fr quentantles caf beau-p re mourut et laissa peu de chose; il en futindign , se lan a dans la fabrique, y perdit quelqueargent, puis se retira dans la campagne, o il voulutfaire valoir.

7 Mais comme il ne s'entendait gu re plusen culture qu'en indiennes, qu'il montait ses chevauxau lieu de les envoyer au labour, buvait son cidre enbouteilles au lieu de le vendre en barriques,mangeait les plus belles volailles de sa cour etgraissait ses souliers de chasse avec le lard de sescochons, il ne tarda point s'apercevoir qu'il valaitmieux planter l toute sp deux cents francs par an, il trouva donc louer dans un village, sur les confins du pays deCaux et de la Picardie, une sorte de logis moiti ferme, moiti maison de ma tre; et, chagrin, rong de regrets, accusant le ciel, jaloux contre tout lemonde, il s'enferma d s l'age de quarante-cinq ans,d go t des hommes, disait-il, et d cid vivre femme avait t folle de lui autrefois, elle l'avaitaim avec mille servilit s qui l'avaient d tach d'elleencore davantage. Enjou e jadis, expansive et toutaimante, elle tait, en vieillissant, devenue ( lafa on du vin vent qui se tourne en vinaigre)d'humeur difficile, paillarde.

8 Nerveuse. Elle avait tantsouffert, sans se plaindre, d'abord, quand elle levoyait courir apr s toutes les gotons de village etque vingt mauvais lieux le lui renvoyaient le soir,blas et puant l'ivresse; puis l'orgueil s' tait r volt .Alors elle s' tait tue, avalant sa rage dans unsto cisme muet, qu'elle garda jusqu' sa mort. Elle tait sans cesse en courses, en affaires. Elle allaitchez les avou s, chez le pr sident, se rappelaitl' ch ance des billets, obtenait des retards; et, lamaison, repassait, cousait, blanchissait, surveillaitles ouvriers, soldait les m moires, tandis que, sanss'inqui ter de rien, Monsieur, continuellementengourdi dans une somnolence boudeuse dont il nese r veillait que pour lui dire des chosesd sobligeantes, restait fumer au coin du feu, encrachant dans les elle eut un enfant, il le fallut mettre ennourrice.

9 Rentr chez eux, le marmot fut g t comme unprince. Sa m re le nourrissait de confitures; sonp re le laissait courrir sans souliers, et, pour faire lephilosophe, disait m me qu'il pouvait bien aller toutnu, comme les enfants des b tes. A l'encontre destendances maternelles, il avait en t te un certainid al viril de l'enfance, d'apr s lequel il t chait deformer son fils, voulant qu'on l' lev t durement laspartiate, pour lui faire une bonne constitution. Ill'envoyait se coucher sans feu, lui apprenait boirede grands coups de rhum et insulter , naturellement paisible, le petit r pondait mal ses efforts. Sa m re le tra nait toujours apr s elle;elle lui d coupait des cartons, lui racontait deshistoires, s'entretenait avec lui dans desmonologues sans fin, pleins de gaiet sm lancoliques et de chatteries babillardes.

10 Dansl'isolement de sa vie, elle reporta sur cette t ted'enfant toutes ses vanit s parses, bris es. Eller vait de hautes positions, elle le voyait d j grand,beau, spirituel, tabli dans les ponts et chauss esou dans la lui apprit lire, et m me lui enseigna, sur unvieux piano qu'elle avait, chanter deux ou troispetites romances. Mais, tout cela, M. BOVARY , peusoucieux des lettres, disait que ce n' tait pas lapeine. Auraient-ils jamais de quoi l'entretenir dans les coles du gouvernement, lui acheter une charge ouun fonds de commerce?D'ailleurs, avec du toupet, un homme r ussittoujours dans le monde. Mme BOVARY se mordait les l vres, et l'enfantvagabondait dans le suivait les laboureurs, et chassait, coups demotte de terre, les corbeaux qui s'envolaient. Ilmangeait des m res le long des foss s, gardait lesdindons avec une gaule, fanait la moisson, couraitdans le bois, jouait la marelle sous le porche del' glise les jours de pluie, et aux grandes f tes,suppliait le bedeau de lui laisser sonner les cloches,pour se pendre de tout son corps la grande cordeet se sentir elle dans sa vol poussa t-il comme un ch ne.


Related search queries