Système d’Aide à l’Authentification de Tableaux

1 Syst me d'Aide l'Authentification de Tableaux &. Mod lisation de l'Expertise Stylistique Opportunit et Faisabilit . MARIE GABRIELLE THIERRY. Christie's Education Juin 2003. THIERRY Juin 2003 Christie's Education Page 2. Sommaire **. 3. 4. Remarque pr liminaire .. 6. 1 L'expertise de Tableaux dans le march de l' 7. 2 Les pratiques actuelles et leurs limites .. 15. 3 Int gration des nouvelles technologies dans l'expertise 37. 57. Annexe 1 Les sources d'information sur 60. Annexe 2 - Le 65. Annexe 3 Le jugement et la d 68. Annexe 4 Les syst mes d'aide la d cision - 69. Annexe 5 La Question 71. 73. Internet, les 74. Table des 75. 76. R sum ..77. **. Note : Nombre de mots, environ 19200. THIERRY Juin 2003 Christie's Education Page 3. Remerciements Je tiens exprimer ma vive reconnaissance aux experts, critiques d'art, galeristes et restaurateurs de Tableaux qui, par leur coute et leur conseils, ont permis la r alisation de cette tude. Je remercie tout particuli rement, pour leur participation active et le vif int r t qu'ils ont port au projet : Messieurs Michel et Guy-Patrice Dauberville, Galerie Bernheim-Jeune, Paris Monsieur Fran ois Duret-Robert, Journaliste, Connaissance des Arts - Le Monde Monsieur Yann Le Pichon, Expert, Messieurs Andr et Eric Schoeller, Cabinet Schoeller, Paris Mes remerciements s'adressent galement.

2 Madame Claire Durand-Ruel, Expert, Institut Wildenstein, Paris Monsieur Christophe Durand-Ruel, Art contemporain, Christie's France Monsieur Pierre Etienne, Cabinet Turquin, Paris Monsieur Gilles Genty, Expert, Paris Monsieur J r me Le Blay, Impressionnistes et Art Moderne, Christie's France Messieurs Emmanuel Moati et St phane Penta, Galerie Moati, Paris Madame Marie-Dominique Montel, Journaliste et R alisateur Madame Marie Pierre Sal , Mus e d'Orsay Madame Eva Schwan, Restaurateur Madame Laurette Thomas, Expert Technique Madame B n dicte Wiart, Axa Art Ainsi qu' toutes les personnes qui ont souhait rester anonymes. THIERRY Juin 2003 Christie's Education Page 4. Introduction "Celui qui regarde la toile refait le m me chemin que l'artiste". Georges Braque L'actualit l'atteste, il existe encore de nombreuses erreurs d'identification et d'attribution de Tableaux . Pourtant, les techniques scientifiques sont de plus en plus pointues, et vont encore plus loin dans l'exploration des mati res.

3 On peut alors se demander o r side le probl me, et tenter de comprendre l'expertise de tableau, plus particuli rement l'expertise l' il nu qui joue un grand r le. Nos questions ce sujet sont multiples, elles sont centr es sur la fa on dont le style d'un l'artiste est reconnu : qu'est-ce que l'analyse stylistique? Pour qui ? Pour quoi ? Comment l'expert analyse-t-il les uvres d'art ? En quoi est-il indispensable face aux techniques scientifiques ? Que signifie son intuition ? Quels sont les types de connaissance et de raisonnement qui interviennent dans ses analyses ? Et enfin, qu'en est-il vraiment de l'analyse du coup de pinceau de l'artiste ? Les ouvrages sur ce domaine sont curieusement tr s peu nombreux. Seul l'ouvrage de Giovanni Morelli au milieu du XIX me si cle, Les fondements de la th orie de l'attribution en Peinture , apportent des l ments de r ponse. Son travail sera l'origine du m tier d'expert et des recherches des plus grands tels Bernard Berenson ou Frederico Zeri.

4 Pour Morelli, si on veut apprendre distinguer les travaux des l ves et des imitateurs et les copies d'une part et les originaux d'autre part, non pas avec une absolue certitude mais plut t avec une s curit relative, cela ne peut s'obtenir que [] par la connaissance pr cise des formes caract ristiques et de l'harmonie des couleurs propre . chaque ma tre, c'est dire toute personnalit 1 . En parcourant les ouvrages sur l'identification de tableau, sur le secret des chefs-d' uvre d crypt s par et M. Hours ou sur l'histoire des grands experts comme nder, j'ai recueilli les l ments d'un puzzle que je tente de restituer aujourd'hui. Expliquant la raret de l' crit, la connaissance du m tier d'expert est avant tout une connaissance qui se transmet oralement ou par compagnonnage. C est pourquoi, 1. MORELLI GIOVANNI De la peinture Italienne Les fondement de la th orie de l'attribution en peinture . Edition Lagune 1994. THIERRY Juin 2003 Christie's Education Page 5.

5 Je dois en grande partie ce travail l'accueil des experts, critiques, professionnels de l'art que j'ai rencontr tout au long de l'ann e, et qui ont eu la patience de m'expliquer leur travail. Le projet dans un premier temps, porte sur la d finition de l'expertise de tableau et plus sp cifiquement sur le type de connaissances et de raisonnements intervenant dans le processus d'authentification d'une uvre d'art. Il ne s'agit pas ici de reprendre toutes les techniques scientifiques qui sont aujourd'hui bien connues gr ce aux publications du Laboratoire de Recherche des Mus es de France2. Il s'agit de comprendre quelle est la part r serv e l'analyse des formes et de la touche dans l'expertise Les m thodes et l'argumentation de l'expert seront abord es et attesteront de la diversit . des connaissances qui lui sont n cessaires. A partir de cette analyse, nous proposerons une approche nouvelle recourant aux nouvelles technologies de l'information et de la communication.

6 Il s'agit d' laborer un outil logiciel pour capitaliser et restituer la connaissance afin de rendre l'expertise plus compl te, plus rapide, plus tendue et plus fiable. Parce que l'identification et l'authentification sont directement li es la mani re dont l'artiste dessine, compose et peint, les connaissances de l'expert permettront de mod liser le monde pictural de l'artiste. Les objectifs et les fonctionnalit s de ce nouvel outil seront d crits ainsi que ses utilisateurs potentiels. Compte tenu de la quantit d'information (texte et iconographie) disponible aujourd'hui, l' uvre de Vincent Van Gogh a t retenue pour illustrer cette d marche. 2. Site Internet du Laboratoire de Recherche des Mus es de France - THIERRY Juin 2003 Christie's Education Page 6. Remarque pr liminaire 1. Il n'est pas question ici de retracer toutes les techniques scientifiques existantes aujourd'hui, mais de se concentrer sur l'expertise l' il nu , et donc sur les diff rents processus cognitifs qui aboutissent une d cision de l'expert.

7 Nous n'analyserons donc que le raisonnement de l'expert et son usage des connaissances acquises ou mises sa disposition. Il ne sera pas fait mention du d bat sur le statut de l'expert ni de toutes les pol miques qui entourent les probl mes d'attribution, m me si les informations v hicul es par les m dias sont parfois pertinentes et t moignent de la difficult d'approche de cette importante dimension du march de l'art. 2. L' tude est volontairement restreinte aux Tableaux de chevalet. La d marche propos e est cependant ventuellement extrapolable dans d'autres domaines des Beaux-Arts : sculpture, dessin, estampes etc.. THIERRY Juin 2003 Christie's Education Page 7. L'expertise de Tableaux dans le march de l'art 1 Le contexte L'actualit r cente tend d montrer qu'il y a toujours des probl mes d'identification et d'authentification de Tableaux avec des cons quences financi res et juridiques d'importance croissante. De nombreux acteurs peuvent en faire les frais et parmi eux: les vendeurs, les acheteurs, les Soci t s de Vente Volontaires (SVV), les laboratoires de recherche, les restaurateurs, les compagnies d'assurances, les avocats et juges, les historiens d'art et enfin les experts.

8 Il est tr s difficile d' valuer le nombre de d'attribution ayant pos probl me. La plupart des marchands pr f rent garder le secret et rembourser l'acheteur. Les ventes aux ench res publiques3 permettent sans doute de faire une premi re estimation du nombre de litiges. Sur le march Peinture, dessin , le nombre trait s par les diff rents Tribunaux est estim . environ 150 par an en France. (Les chiffres sur le march international ne semblent pas tre connus cependant, compte tenu de la place du march fran ais, on peut estimer le nombre de cas quelques milliers par an dans le monde). Face un tel enjeu, la disponibilit des experts qui font autorit semble insuffisante et sans doute limit e quelques capitales mondiales du march de l'Art. Pourtant, en France, le recours l'expert est actuellement quasi-syst matique. S'il n'y a pas d'expert sp cialis . pour un artiste donn , des experts d'une technique ou d'une poque proche ou bien un sp cialiste d'une maison de vente sont fr quemment sollicit s.

9 La connaissance de l'expert dispara t avec lui. M me en pr sence d' crits, il est difficile de reproduire son raisonnement et ses intuitions. Les contradictions et les remises en cause des expertises ant rieures sont donc relativement fr quentes. Les techniques scientifiques, toujours plus pointues, ne sont pas suffisantes pour l'attribution d'une uvre. Elles sont continuellement surpass es par les faussaires. De plus, pour des raisons financi res et des contraintes de temps, elles ne sont pas toujours mises en uvres. 3. dans ce cas pr cis, les SVV sont assur es sous le principe de responsabilit partag entre l'expert et l'organisateur de la vente. THIERRY Juin 2003 Christie's Education Page 8. Le compl ment de l'imagerie et des informations rendues accessibles gr ce l'Internet commencent am liorer la connaissance de l' uvre et de l'artiste. Mais, selon Anne Distel4 Les moyens d'investigation se perfectionnent, notamment avec les progr s techniques.

10 Les analyses s'affinent sans cesse et doivent tre tendues un grand nombre de Tableaux . Seul la comparaison avec un nombre significatif d'autres r sultats permettrait d'aboutir des conclusions g n ralisables syst matiquement et qui pourraient constituer un l ment de r ponse scientifique quant l'authenticit d'une uvre . Enfin il faut savoir que la profession d'expert n est pas organis e r glementairement. Certains experts sont agr s par l'Etat (les Douanes, par exemple) ou par des institutions priv es (Compagnies d'assurance), ou encore aupr s du Conseil des 2 Les missions de l'expert L'expert d'art, gr ce l'exp rience acquise sur de nombreuses ann es, est un sp cialiste susceptible de d terminer la nature, l'origine et l' poque de fabrication de l'objet soumis . son jugement. On lui demande d'authentifier, mais aussi de d tecter les alt rations, les transformations et r parations subies ventuellement par cet objet et d'indiquer une fourchette de valeurs qui serviront pour la n gociation lors d'une vente ou d'une estimation, par exemple pour une compagnie d'assurance.