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MARMOTTAN, NOS REPERES THEORIQUES

MARMOTTAN, NOS REPERES THEORIQUES LE STADE DU MIROIR BRISE On sait l importance du stade du miroir dans la conception lacanienne de la formation de l identit de l homme, l enfant se d couvre autre dans un miroir r el ou symbolique, ce qui lui permet de rompre l existence fusionnelle qu il menait avec sa m re. On sait moins que, chez Lacan, il y a pour ce stade une connotation cin tique. On parle du flash de la d couverte de soi, de l image de soi. Presque tout le monde a escamot ce c t explosif, cette fission s parative, tant nous sommes en fin de compte obs d s par la conception d un d veloppement lin aire ontog nique et phylog nique de l homme. Or, rien n est moins lin aire que le d veloppement psychique de l homme : du traumatisme de sortie la naissance l apprentissage des lois, ce sont de v ritables ondes de choc qu affronter le petit de l homme.

« Le traitement et la prise en charge du toxicomane partant du principe que le souvenir enjolivé des effets du produit et la notion du plaisir qu’il procure restent très longtemps

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1 MARMOTTAN, NOS REPERES THEORIQUES LE STADE DU MIROIR BRISE On sait l importance du stade du miroir dans la conception lacanienne de la formation de l identit de l homme, l enfant se d couvre autre dans un miroir r el ou symbolique, ce qui lui permet de rompre l existence fusionnelle qu il menait avec sa m re. On sait moins que, chez Lacan, il y a pour ce stade une connotation cin tique. On parle du flash de la d couverte de soi, de l image de soi. Presque tout le monde a escamot ce c t explosif, cette fission s parative, tant nous sommes en fin de compte obs d s par la conception d un d veloppement lin aire ontog nique et phylog nique de l homme. Or, rien n est moins lin aire que le d veloppement psychique de l homme : du traumatisme de sortie la naissance l apprentissage des lois, ce sont de v ritables ondes de choc qu affronter le petit de l homme.

2 En tenant compte de ces l ments, on mesure l extraordinaire vuln rabilit d un enfant et combien, si en gros tout se tient, dans le d tail peuvent exister de multiples facteurs de d rapage. C est de ce d rapage qu il s agit lorsque nous parlons du stade du miroir bris . Nous savons en effet, par exemple, que toute th orie psychog n tique de la psychose implique ou laisse entendre l impossibilit , pour de multiples raisons, de la r alisation de ce stade de miroir ; l impossible liquidation du stade fusionnel. Pour le futur toxicomane, il va se passer, plus ou moins, quelque chose d interm diaire entre un stade du miroir r ussi et un stade du miroir impossible, quelque chose qui va d coder le programme psychologique pr tabli, en fonction de nouvelles informations re ues. L enfance du toxicomane/ Claude Olievenstein in La vie du toxicomane/ Claude Olievenstein Paris : PUF, 1982, p.

3 11-33, p. 11 LES CONDUITES ORDALIQUES En l absence de rites institutionnels valides, les adolescents occidentaux ont souvent recours des formes d initiation proches de l ordalie, travers des preuves qu ils s imposent, des d fis qu ils se lancent, des exp riences qu ils vivent intens ment. Parcourant une gradation, une escalade du risque, du premier joint au d fi mortel de la fureur de vivre , le comportement ordalique viendra culminer en une tentative de suicide apparemment inexplicable ou accidentelle . Nous pouvons donc d finir la conduite ordalique comme la r p tition d une preuve comportant un risque mortel, dans laquelle le sujet s engage afin, par sa survie, de prouver sa valeur intrins que, ainsi reconnu par les puissances transcendantes du Destin. La conduite ordalique, diffraction psychologique de l ordalie, se d finit comme besoin et qu te de r g n ration.

4 Dans l ordalie c est le souverain qui d cidait d en appeler au jugement de Dieu. Dans le comportement ordalique c est le sujet qui prend l initiative. Les conduites ordaliques se d tachent de l ordalie en ce qu elles impliquent une passion, c est- -dire la n cessit d une r p tition. Le toxicomane (cf. Olievenstein), le suicidant (cf. Baechler), le joueur (cf. Tostain) ont aussi, chacun, besoin de v rifier qu ils sont en quelque sorte garantis . Le joueur a la chance avec lui, le toxicomane la drogue, le suicidant ordalique la m decine. Tous trois, pour continuer, r clament des signes ext rieurs de leur richesse int rieure. Les conduites ordaliques/ A. Charles-Nicolas, Marc Valleur. in La vie du toxicomane / Claude Olievenstein. Paris : PUF, 1982, , p. 90 LA RENCONTRE D UN PRODUIT, D UNE PERSONNALITE ET D UN MOMENT SOCIOCULTUREL La toxicomanie surgit un triple carrefour : celui d un produit, d un moment socioculturel et d une personnalit.

5 Ce sont l trois dimensions galement constitutives. Mais il est plusieurs approches du ph nom ne toxicomaniaque, selon, pr cis ment, qu on porte l accent sur l un de ces param tres plut t que sur les autres. (..) La v rit , c est que, ce niveau, la l galit , ou non, d un produit comme le H. est un faux probl me. La toxicomanie, par d finition, part du toxicomane : cela veut dire qu elle appelle, suscite, cr e le produit tout autant qu elle est engendr e par lui. Un produit est-il condamn ? Elle se d place jusqu ce qu elle d couvre le substitut l gal qui le satisfera et dont les cons quences se r v leront peut- tre pires. (..) Mettra-t-on l accent, alors, sur le moment socioculturel, qui constitue, on s en souvient, le deuxi me de nos trois param tres ? L op ration, l aussi, me semble dangereuse et peu convaincante. Si, comme je l ai dit, toute toxicomanie part du toxicomane, le moment socioculturel appara t alors comme ce qui situe le drogu et, au moins partiellement, explique son choix d existence.

6 Le contexte social est donc indissociable de la personnalit . Si, cependant, on rompt ce couple, si l on privil gie la dimension de soci t pour mettre la subjectivit entre parenth ses, le drogu , in vitablement, appara t alors comme un tre aberrant, et la toxicomanie comme un fl au endiguer. Toute soci t , en effet, v hicule des normes formul es ou non et par cons quent, suscite des marginalit s qui les contestent. Lier le toxico au moment socioculturel, c est tenter de le comprendre dans sa marginalit . L opposer au milieu social, c est au contraire l exclure au nom des normes. Dans cette optique, il ne sera plus qu un d viant redresser. En partant du produit, nous ouvrons le champ au pouvoir m dical ou, plut t, ses laboratoires ; en privil giant la dimension sociale, nous intronisons le pouvoir sociopolitique et, plus exactement, celui de l id ologie dominante, avec les m decins qui sont son service.

7 (..) De m me, on ne peut, sans sacrifier outrageusement la complexit du r el, mettre entre parenth ses, en ce qui concerne les individus et, plus particuli rement, les marginaux, tout ce qui est de l ordre de l organisation libidinale, de la b ance existentielle, tout ce qui rel ve des inter-relations sociales, familiales, affectives. La drogue ou la vie / Claude Olievenstein. Paris : Robert Laffont, 1983, p. 265-273 LA DEMOCRATIE PSYCHIQUE Le traitement et la prise en charge du toxicomane partant du principe que le souvenir enjoliv des effets du produit et la notion du plaisir qu il procure restent tr s longtemps l obstacle vaincre, on doit organiser un contre-poids institutionnel et psychoth rapique cela. Pour ce faire, il faut proc der en trois phases successives : Le sevrage physique L isolement d avec le milieu La psychoth rapie sp cifique L exp rience prouve que c est en faisant l conomie d une de ces trois phases dans le temps et dans l espace que l on aboutit au maximum d checs.

8 C est en appliquant avec rigueur ce sch ma que l on aboutit au maximum de r sultats, savoir b tir la d mocratie psychique du sujet qui lui permette de faire ses choix. Il faut admettre deux choses : La premi re c est qu on ne gu rit pas un toxicomane comme un gu rit un typhique de sa maladie : la d mocratie psychique proc de de quelque chose qui, priori, n est pas scientifique, savoir le domaine de l opinion. Gr ce au travail th rapeutique et la confrontation d images multiples d identit , le sujet va se faire une opinion sur les choix qu il aura faire quant une identit partielle acceptable pour lui. La seconde est que lorsque le moment strat gique de ce choix se posera, c est le sujet et non le th rapeute ou l institution qui choisit sa forme de sortie de la toxicomanie. On comprend mieux dans ces conditions que l on puisse porter pendant des ann es des toxicomanes et qu la fin ils choisissent une autre institution ou un autre th rapeute pour gu rir.

9 (..) Nous avons fait appel au concept de l opinion, c est- -dire b tir une construction culturelle, id ologique et orthop dique du Moi capable de faire un choix. C est ce que nous avons appel le stade de la d mocratie psychique. Place et objet des th rapies transitionnelles dans le traitement des grands toxicomanes / Claude Olievenstein. in La Clinique tu toxicomane. Paris : les Editions Universitaires, 1987, p. 129 137, L INTENTIONNALITE DES SOINS Nous savons pourtant que c est justement lorsque les pressions sociales, conomiques, politiques deviennent particuli rement pesantes, qu il convient d avoir, de revendiquer, de crier haut et fort notre position thique. Et nous savons aussi que si nous ne le faisons pas, personne d autre que nous le fera. Et pourtant, combien d entorses cette thique n a-t-on pas constat sous pr texte d urgence ?

10 L urgence en toxicomanie qui permettrait de d cider la place d un autre que ce dernier doit se faire soigner. Urgence face au sida qui permettrait d instituer un d pistage videmment obligatoire une population enti re. Urgence de l abstinence qui justifierait toutes les substitutions, des plus id ologiques aux plus chimiques, mais de toute fa on toutes asservissantes. Si bien que, de plus en plus, quand on prononce le terme d thique, on passe dans le meilleur des cas pour un doux r veur et dans le pire des cas, mais est-ce le pire, pour un ringard. C est oublier que l thique n est pas une chose absconse, une chose difficile comprendre, qu elle se traduit dans le quotidien, par des modes de prise en charge pr cis et des pr alables ou des assurances par rapport l utilisation des moyens dont nous disposons ou dont nous disposerons.


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