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Une Saison en enfer - Poetes.com

1 > Textes t l charger Une Saison en enferUne Saison en enferUne Saison en enferUne Saison en enfer par Arthur Rimbaud ** Jadis, si je me souviens bien, ma vie tait un festin o s'ouvraient tous les c urs, o tous les vins coulaient. Un soir, j'ai assis la Beaut sur mes genoux. -Et je l'ai trouv e am re. -Et je l'ai injuri e. Je me suis arm contre la justice. Je me suis enfui. sorci res, mis re, haine, c'est vous que mon tr sor a t confi ! Je parvins faire s' vanouir dans mon esprit toute l'esp rance humaine. Sur toute joie pour l' trangler j'ai fait le bond sourd de la b te f roce. J'ai appel les bourreaux pour, en p rissant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appel les fl aux, pour m' touffer avec le sable, le sang. Le malheur a t mon dieu. Je me suis allong dans la boue. Je me suis s ch l'air du crime.

appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie. Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot. Or, tout dernièrement, m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac, j'ai

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  Uide, Renfe, Saison, Une saison en enfer

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1 1 > Textes t l charger Une Saison en enferUne Saison en enferUne Saison en enferUne Saison en enfer par Arthur Rimbaud ** Jadis, si je me souviens bien, ma vie tait un festin o s'ouvraient tous les c urs, o tous les vins coulaient. Un soir, j'ai assis la Beaut sur mes genoux. -Et je l'ai trouv e am re. -Et je l'ai injuri e. Je me suis arm contre la justice. Je me suis enfui. sorci res, mis re, haine, c'est vous que mon tr sor a t confi ! Je parvins faire s' vanouir dans mon esprit toute l'esp rance humaine. Sur toute joie pour l' trangler j'ai fait le bond sourd de la b te f roce. J'ai appel les bourreaux pour, en p rissant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appel les fl aux, pour m' touffer avec le sable, le sang. Le malheur a t mon dieu. Je me suis allong dans la boue. Je me suis s ch l'air du crime.

2 Et j'ai jou de bons tours la folie. Et le printemps m'a apport l'affreux rire de l'idiot. Or, tout derni rement, m' tant trouv sur le point de faire le dernier couac, j'ai song rechercher la clef du festin ancien, o je reprendrais peut- tre app tit. La charit est cette clef. - Cette inspiration prouve que j'ai r v ! 2 Tu resteras hy ne, , se r crie le d mon qui me couronna de si aimables pavots. Gagne la mort avec tous tes app tits, et ton go sme et tous les p ch s capitaux. Ah ! j'en ai trop pris : -Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irrit e! et en attendant les quelques petites l chet s en retard, vous qui aimez dans l' crivain l'absence des facult s descriptives ou instructives, je vous d tache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damn . 3 MAUVAIS SANG J ai de mes anc tres gaulois l' il bleu blanc, la cervelle troite, et la maladresse dans la lutte.

3 Je trouve mon habillement aussi barbare que le leur. Mais je ne beurre pas ma chevelure. Les Gaulois taient les corcheurs de b tes, les br leurs d'herbes les plus ineptes de leur temps. D'eux, j'ai : l'idol trie et l'amour du sacril ge; -oh ! tous les vices, col re, luxure, - magnifique, la luxure; -surtout mensonge et paresse. J'ai horreur de tous les m tiers. Ma tres et ouvriers, tous paysans, ignobles. La main plume vaut la main charrue. -Quel si cle mains !-Je n'aurai jamais ma main. Apr s, la domesticit m ne trop loin. L'honn tet de la mendicit me navre. Les criminels d go tent comme des ch tr s : moi, je suis intact, et a m'est gal. Mais ! qui a fait ma langue perfide tellement, qu'elle ait guid et sauvegard jusqu'ici ma paresse ? Sans me servir pour rien m me de mon corps, et plus oisif que le crapaud, j'ai v cu partout. Pas une famille d'Europe que je ne connaisse.

4 -J'entends des familles comme la mienne, qui tiennent tout de la d claration des Droits de l'Homme. -J'ai connu chaque fils de famille ! ** Si j'avais des ant c dents un point quelconque de l'histoire de France ! Mais non, rien. Il m'est bien vident que j'ai toujours t race inf rieure. Je ne puis comprendre la r volte. Ma race ne se souleva jamais que pour piller : tels les loups la b te qu'ils n'ont pas tu e. Je me rappelle l'histoire de la France, fille a n e de l' glise. J'aurais fait, manant, le Voyage de terre sainte ; j'ai dans la t te des routes dans les plaines souabes, des vues de Byzance, des remparts de Solyme : le culte de Marie, l'attendrissement sur le Crucifi s' veillent en moi parmi mille f eries profanes. -Je suis assis, l preux, sur les pots cass s et 4 les orties, au pied d'un mur rong par le soleil. -Plus tard, re tre, j'aurais bivaqu sous les nuits d'Allemagne.

5 Ah ! encore : je danse le sabbat dans une rouge clairi re, avec des vieilles et des enfants. Je ne me souviens pas plus loin que cette terre-ci et le christianisme. Je n'en finirais pas de me revoir dans ce pass . Mais toujours seul ; sans famille ; m me, quelle langue parlais-je ? Je ne me vois jamais dans les conseil du Christ ; ni dans les conseils des Seigneurs, - repr sentants du Christ. Qu' tais-je au si cle dernier : je ne me retrouve qu'aujourd'hui. Plus de vagabonds, plus de guerres vagues La race inf rieure a tout couvert -le peuple, comme on dit, la raison; la nation et la science. Oh ! la science ! On a tout repris. Pour le corps et pour l' me, - le viatique, - on a la m decine et la philosophie, -les rem des de bonnes femmes et les chansons populaires arrang es. Et les divertissements des princes et les jeux qu'ils interdisaient ! G ographie, cosmographie, m canique, chimie !

6 La science, la nouvelle noblesse ! Le progr s. Le monde marche ! Pourquoi ne tournerait-il pas ? C'est la vision des nombres. Nous allons l'Esprit, C'est tr s certain, c'est oracle, ce que je dis. je comprends, et ne sachant m'expliquer sans paroles pa ennes, je voudrais me taire. ** Le sang pa en revient ! L'Esprit est proche ; pourquoi Christ ne m'aide-t-il pas, en donnant mon me noblesse et libert ? H las, l' vangile a pass ! l' vangile ! l' vangile. J'attends Dieu avec gourmandise. Je suis de race inf rieure de toute ternit . Me voici sur la plage armoricaine. Que les villes s'allument dans le soir. Ma journ e est faite ; je quitte l'Europe. L'air marin br lera mes poumons ; les climats perdus me tanneront. Nager, broyer l'herbe, chasser, fumer surtout ; boire des liqueurs fortes comme du m tal bouillant, -comme faisaient ces chers anc tres autour des feux.

7 5 Je reviendrai, avec des membres de fer, la peau sombre, l' il furieux : sur mon masque, on me jugera d'une race forte. J'aurai de l'or : je serai oisif et brutal. Les femmes soignent ces f roces infirmes retour des pays chauds. Je serai m l aux affaires politiques. Sauv . Maintenant je suis maudit, j'ai horreur de la patrie. Le meilleur, c'est un sommeil bien ivre, sur la gr ve. ** On ne part pas. - Reprenons les chemins d'ici, charg de mon vice, le vice qui a pouss ses racines de souffrance mon c t , d s l' ge de raison -qui monte au ciel, me bat, me renverse, me tra ne. La derni re innocence et la derni re timidit . C'est dit. Ne pas porter au monde mes d go ts et mes trahisons. Allons ! La marche, le fardeau, le d sert, l'ennui et la col re. A qui me louer ? Quelle b te faut-il adorer ? Quelle sainte image attaque-t-on ?

8 Quels c urs briserai-je ? Quel mensonge dois-je tenir ? -Dans quel sang marcher ? Plut t, se garder de la justice. -La vie dure, l'abrutissement simple, - soulever, le poing dess ch , le couvercle du cercueil, s'asseoir, s' touffer. Ainsi point de vieillesse, ni de dangers : la terreur n'est pas fran aise. -Ah! je suis tellement d laiss que j'offre n'importe quelle divine image des lans vers la perfection. O mon abn gation, ma charit merveilleuse ! ici-bas, pourtant ! De profundis, Domine, suis-je b te ! ** 6 Encore tout enfant, j'admirais le for at intraitable sur qui se referme toujours le bagne ; je visitais les auberges et les garnis qu'il aurait sacr s par son s jour ; je voyais avec son id e le ciel bleu et le travail fleuri de la campagne ; je flairais sa fatalit dans les villes. Il avait plus de force qu'un saint, plus de bon sens qu'un voyageur, -et lui, lui seul !

9 Pour t moin de sa gloire et de sa raison. Sur les routes, par des nuits d'hiver, sans g te, sans habits, sans pain, une voix treignait mon c ur gel : Faiblesse ou force : te voil , c'est la force. Tu ne sais ni o tu vas ni pourquoi tu vas, entre partout, r ponds tout. On ne te tuera pas plus que si tu tais cadavre. Au matin j'avais le regard si perdu et la contenance si morte, que ceux que j'ai rencontr s ne m'ont peut- tre pas vu. Dans les villes la boue m'apparaissait soudainement rouge et noire, comme une glace quand la lampe circule dans la chambre voisine, comme un tr sor dans la for t ! Bonne chance, criai-je, et je voyais une mer de flammes et de fum e au ciel ; et, gauche, droite, toutes les richesses flambant comme un milliard de tonnerres. Mais l'orgie et la camaraderie des femmes m' taient interdites. Pas m me un compagnon.

10 Je me voyais devant une foule exasp r e, en face du peloton d'ex cution, pleurant du malheur qu'ils n'aient pu comprendre, et pardonnant ! -Comme Jeanne d'Arc ! - Pr tres, professeurs, ma tres, vous vous trompez en me livrant la justice. Je n'ai jamais t de ce peuple-ci ; je n'ai jamais t chr tien ; je suis de la race qui chantait dans le supplice ; je ne comprends pas les lois ; je n'ai pas le sens moral, je suis une brute : vous vous trompez. Oui, j'ai les yeux ferm s votre lumi re. Je suis une b te, un n gre. Mais je puis tre sauv . Vous tes de faux n gres, vous, maniaques, f roces, avares. Marchand, tu es n gre ; magistrat, tu es n gre ; g n ral, tu es n gre ; empereur, vieille d mangeaison, tu es n gre ; tu as bu d'une liqueur non tax e, de la fabrique de Satan. -Ce peuple est inspir par la fi vre et le cancer. Infirmes et vieillards sont tellement respectables qu'ils demandent tre bouillis.


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