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Émile Zola - Ebooks gratuits

Mile ZolaTh r se RaquinBeQ mile Zola1840-1902Th r se RaquinromanLa Biblioth que lectronique du Qu becCollection tous les ventsVolume 38 : version titres pr c dent le cycle des Rougon-Macquart : La Confession de Claude (1865), Le V u d'une morte (1866), Les Myst res de Marseille (1867), Th r se Raquin (1867) et Madeleine F rat (1868).3Pr face de la deuxi me ditionJ avais na vement cru que ce roman pouvait se passer de pr face. Ayant l habitude de dire tout haut ma pens e, d appuyer m me sur les moindres d tails de ce que j cris, j esp rais tre compris et jug sans explication pr alable. Il para t que je me suis tromp .La critique a accueilli ce livre d une voix brutale et indign e. Certaines gens vertueux, dans des journaux non moins vertueux, ont fait une grimace de d go t, en le prenant avec des pincettes pour le jeter au feu.

le travail analytique que les chirurgiens font sur des cadavres. Avouez qu’il est dur, quand on sort d’un pareil travail, tout entier encore aux graves jouissances ... méritée, au milieu de cette grêle de coups qui tombent bêtement sur ma tête, comme des tuiles, sans que je sache pourquoi. 11.

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1 Mile ZolaTh r se RaquinBeQ mile Zola1840-1902Th r se RaquinromanLa Biblioth que lectronique du Qu becCollection tous les ventsVolume 38 : version titres pr c dent le cycle des Rougon-Macquart : La Confession de Claude (1865), Le V u d'une morte (1866), Les Myst res de Marseille (1867), Th r se Raquin (1867) et Madeleine F rat (1868).3Pr face de la deuxi me ditionJ avais na vement cru que ce roman pouvait se passer de pr face. Ayant l habitude de dire tout haut ma pens e, d appuyer m me sur les moindres d tails de ce que j cris, j esp rais tre compris et jug sans explication pr alable. Il para t que je me suis tromp .La critique a accueilli ce livre d une voix brutale et indign e. Certaines gens vertueux, dans des journaux non moins vertueux, ont fait une grimace de d go t, en le prenant avec des pincettes pour le jeter au feu.

2 Les petites feuilles litt raires elles-m mes, ces petites feuilles qui donnent chaque soir la gazette des alc ves et des cabinets particuliers, se sont bouch le nez en parlant d ordure et de puanteur. Je ne me plains nullement de cet accueil ; au contraire, je suis charm de constater que mes confr res ont des nerfs sensibles de jeune fille. Il est bien vident 4que mon uvre appartient mes juges, et qu ils peuvent la trouver naus abonde sans que j aie le droit de r clamer. Ce dont je me plains, c est que pas un des pudiques journalistes qui ont rougi en lisant Th r se Raquin ne me para t avoir compris ce roman. S ils l avaient compris, peut- tre auraient-ils rougi davantage, mais au moins je go terais cette heure l intime satisfaction de les voir c ur s juste titre. Rien n est plus irritant que d entendre d honn tes crivains crier la d pravation, lorsqu on est intimement persuad qu ils crient cela sans savoir propos de quoi ils le il faut que je pr sente moi-m me mon uvre mes juges.

3 Je le ferai en quelques lignes, uniquement pour viter l avenir tout Th r se Raquin, j ai voulu tudier des temp raments et non des caract res. L est le livre entier. J ai choisi des personnages souverainement domin s par leurs nerfs et leur sang, d pourvus de libre arbitre, entra n s chaque acte de leur vie par les fatalit s de leur 5chair. Th r se et Laurent sont des brutes humaines, rien de plus. J ai cherch suivre pas pas dans ces brutes le travail sourd des passions, les pouss es de l instinct, les d traquements c r braux survenus la suite d une crise nerveuse. Les amours de mes deux h ros sont le contentement d un besoin ; le meurtre qu ils commettent est une cons quence de leur adult re, cons quence qu ils acceptent comme les loups acceptent l assassinat des moutons ; enfin, ce que j ai t oblig d appeler leurs remords, consiste en un simple d sordre organique, et une r bellion du syst me nerveux tendu se rompre.

4 L me est parfaitement absente, j en conviens ais ment, puisque je l ai voulu commence, j esp re, comprendre que mon but a t un but scientifique avant tout. Lorsque mes deux personnages, Th r se et Laurent, ont t cr s, je me suis plu me poser et r soudre certains probl mes : ainsi, j ai tent d expliquer l union trange qui peut se produire entre deux temp raments diff rents, j ai montr les troubles profonds d une nature sanguine au contact d une nature nerveuse. Qu on lise le 6roman avec soin, on verra que chaque chapitre est l tude d un cas curieux de physiologie. En un mot, je n ai eu qu un d sir : tant donn un homme puissant et une femme inassouvie, chercher en eux la b te, ne voir m me que la b te, les jeter dans un drame violent, et noter scrupuleusement les sensations et les actes de ces tres. J ai simplement fait sur deux corps vivants le travail analytique que les chirurgiens font sur des qu il est dur, quand on sort d un pareil travail, tout entier encore aux graves jouissances de la recherche du vrai, d entendre des gens vous accuser d avoir eu pour unique but la peinture de tableaux obsc nes.

5 Je me suis trouv dans le cas de ces peintres qui copient des nudit s, sans qu un seul d sir les effleure, et qui restent profond ment surpris lorsqu un critique se d clare scandalis par les chairs vivantes de leur uvre. Tant que j ai crit Th r se Raquin, j ai oubli le monde, je me suis perdu dans la copie exacte et minutieuse de la vie, me donnant tout entier l analyse du m canisme humain, et je vous assure que les amours cruelles de Th r se et 7de Laurent n avaient pour moi rien d immoral, rien qui puisse pousser aux passions mauvaises. L humanit des mod les disparaissait comme elle dispara t aux yeux de l artiste qui a une femme nue vautr e devant lui, et qui songe uniquement mettre cette femme sur sa toile dans la v rit de ses formes et de ses colorations. Aussi ma surprise a-t-elle t grande quand j ai entendu traiter mon uvre de flaque de boue et de sang, d gout, d immondice, que sais-je ?

6 Je connais le joli jeu de la critique, je l ai jou moi-m me ; mais j avoue que l ensemble de l attaque m a un peu d concert . Quoi ! il ne s est pas trouv un seul de mes confr res pour expliquer mon livre, sinon pour le d fendre ! Parmi le concert de voix qui criaient : L auteur de Th r se Raquin est un mis rable hyst rique qui se pla t taler des pornographies , j ai vainement attendu une voix qui r pond t : Eh ! non, cet crivain est un simple analyste, qui a pu s oublier dans la pourriture humaine, mais qui s y est oubli comme un m decin s oublie dans un amphith tre. 8 Remarquez que je ne demande nullement la sympathie de la presse pour une uvre qui r pugne, dit-elle, ses sens d licats. Je n ai point tant d ambition. Je m tonne seulement que mes confr res aient fait de moi une sorte d goutier litt raire, eux dont les yeux exerc s devraient reconna tre en dix pages les intentions d un romancier, et je me contente de les supplier humblement de vouloir bien l avenir me voir tel que je suis et me discuter pour ce que je tait facile, cependant, de comprendre Th r se Raquin, de se placer sur le terrain de l observation et de l analyse, de me montrer mes fautes v ritables, sans aller ramasser une poign e de boue et me la jeter la face au nom de la morale.

7 Cela demandait un peu d intelligence et quelques id es d ensemble en vraie critique. Le reproche d immoralit , en mati re de science, ne prouve absolument rien. Je ne sais si mon roman est immoral, j avoue que je ne me suis jamais inqui t de le rendre plus ou moins chaste. Ce que je sais, c est que je n ai pas song un instant y mettre les salet s qu y d couvrent les gens moraux ; c est que j en ai crit chaque sc ne, 9m me les plus fi vreuses, avec la seule curiosit du savant ; c est que je d fie mes juges d y trouver une page r ellement licencieuse, faite pour les lecteurs de ces petits livres roses, de ces indiscr tions de boudoir et de coulisses, qui se tirent dix mille exemplaires et que recommandent chaudement les journaux auxquels les v rit s de Th r se Raquin ont donn la naus injures, beaucoup de niaiseries, voil donc tout ce que j ai lu jusqu ce jour sur mon uvre.

8 Je le dis ici tranquillement, comme je le dirais un ami qui me demanderait dans l intimit ce que je pense de l attitude de la critique mon gard. Un crivain de grand talent, auquel je me plaignais du peu de sympathie que je rencontre, m a r pondu cette parole profonde : Vous avez un immense d faut qui vous fermera toutes les portes : vous ne pouvez causer deux minutes avec un imb cile sans lui faire comprendre qu il est un imb cile. Cela doit tre ; je sens le tort que je me fais aupr s de la critique en l accusant d inintelligence, et je ne puis pourtant m emp cher de t moigner le d dain 10que j prouve pour son horizon born et pour les jugements qu elle rend l aveuglette, sans aucun esprit de m thode. Je parle, bien entendu, de la critique courante, de celle qui juge avec tous les pr jug s litt raires des sots, ne pouvant se mettre au point de vue largement humain que demande une uvre humaine pour tre comprise.

9 Jamais je n ai vu pareille maladresse. Les quelques coups de poing que la petite critique m a adress s l occasion de Th r se Raquin se sont perdus, comme toujours, dans le vide. Elle frappe essentiellement faux, applaudissant les entrechats d une actrice enfarin e et criant ensuite l immoralit propos d une tude physiologique, ne comprenant rien, ne voulant rien comprendre et tapant toujours devant elle, si sa sottise prise de panique lui dit de taper. Il est exasp rant d tre battu pour une faute dont on n est point coupable. Par moments, je regrette de n avoir pas crit des obsc nit s ; il me semble que je serais heureux de recevoir une bourrade m rit e, au milieu de cette gr le de coups qui tombent b tement sur ma t te, comme des tuiles, sans que je sache n y a gu re, notre poque, que deux ou trois hommes qui puissent lire, comprendre et juger un livre.

10 De ceux-l je consens recevoir des le ons, persuad qu ils ne parleront pas sans avoir p n tr mes intentions et appr ci les r sultats de mes efforts. Ils se garderaient bien de prononcer les grands mots vides de moralit et de pudeur litt raire ; ils me reconna traient le droit, en ces temps de libert dans l art, de choisir mes sujets o bon me semble, ne me demandant que des uvres consciencieuses, sachant que la sottise seule nuit la dignit des lettres. coup s r, l analyse scientifique que j ai tent d appliquer dans Th r se Raquin ne les surprendrait pas ; ils y retrouveraient la m thode moderne, l outil d enqu te universelle dont le si cle se sert avec tant de fi vre pour trouer l avenir. Quelles que dussent tre leurs conclusions, ils admettraient mon point de d part, l tude du temp rament et des modifications profondes de l organisme sous la pression des milieux et des circonstances.


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