EVALUATION DE LA CONSCIENCE PHONOLOGIQUE …

1 In Revue R ducation Orthophonique EVALUATION DE LA CONSCIENCE PHONOLOGIQUE ET ENTRAINEMENT DES CAPACITES PHONOLOGIQUES EN GRANDE SECTION DE MATERNELLE Michel Zorman Laboratoire Cogni-Sciences et Apprentissages IUFM Acad mie de Grenoble R sum La population de cette tude comprend 2265 enfants r partis en 118 classes de grande section de maternelle dans les cinq d partements de l acad mie de Grenoble (Ard che, Dr me, Is re, Savoie, Haute-Savoie). Le service de Sant scolaire a valu au cours de son bilan de sant de la sixi me ann e des habilet s cognitives impliqu es dans l'apprentissage de la lecture: CONSCIENCE PHONOLOGIQUE , m moire court terme, vocabulaire. A la suite, 473 enfants parmi les plus faibles en CONSCIENCE PHONOLOGIQUE ont b n fici d'un entra nement m taphonologique r alis en classe par leur enseignant.

2 Les enfants entra n s ont plus progress en capacit s m taphonologiques que les autres. Les capacit s phonologiques sont en relation avec le niveau culturel de la famille. Le bilan r alis permet d'effectuer un d pistage des enfants risque de d velopper une dyslexie. Mots-cl s: CONSCIENCE PHONOLOGIQUE , entra nement m taphonologique, dyslexie, lecture. Abstract of training metaphonological followed by the 512 children of lowlevel The sample of this study includes 2265 children dispatched in 118 classes of the kindergarten's last year in five French territorial division of the Acad mie of Grenoble (Ard che, Dr me, Is re, Savoie, Haute-Savoie). The Health School Service during the medical check up of the sixth year has assessed cognitive skills involved in learning to read: phonological awareness, working memory, and vocabulary.

3 Following, 473 children among the lowest level in phonological awareness selected to have a metaphonological training. led by the teacher in the schoolclass. The trained children have made more progress in metaphonological knowledge than the others. The phonological knowledge is in relation with the family cultural level. The health check up makes possible a screening of the children who risk developing dyslexia. MeSH terms: Phonological awareness, metaphonological training, dyslexia, reading EVALUATION DE LA CONSCIENCE PHONOLOGIQUE ET ENTRAINEMENT DES CAPACITES PHONOLOGIQUES EN GRANDE SECTION DE MATERNELLE Michel Zorman Laboratoire Cogni-Sciences et Apprentissages IUFM Acad mie de Grenoble Depuis 1987, les m decins et infirmi res de l'Acad mie de Grenoble ont souhait donner une grande part au d pistage et la pr vention des difficult s et troubles des apprentissages.

4 Cette d marche s'appuie sur le constat que les adolescents et jeunes adultes qui vont le moins bien (quel que soit l'indicateur de sant : les comportements addictifs, les comportements violents ou asociaux, les tentatives de suicide) sont ceux qui ont t en situation d' chec scolaire d s leur plus jeune ge. Il appara t dans diff rentes tudes (Choquet, 1995) que la sant mentale, l'insertion sociale, la capacit g rer sa sant , l'estime de soi sont fortement corr l la r ussite scolaire. Dans les pays conomiquement d velopp s et riches, apprendre l' cole et s'y ins rer sont des fortes composantes du d veloppement et de la construction de la personne et donc de la sant de l'enfant, de l'adolescent et aussi du futur adulte. Apprendre lire est fondamental dans la mesure o cela est absolument n cessaire pour acc der aux autres savoirs de l' cole (Delahaie, 1998).

5 Cette place centrale et g n rative occup e par la lecture est le cadre des recherches et des exp rimentations du Service de Sant Scolaire (Service de Promotion de la Sant en Faveur des El ves, SPSFE) depuis plus de dix ans. Cela s'est traduit par l' laboration et le d veloppement d'outils de d pistage, de pr vention et d' valuation pr coce des retards simples, des risques de d velopper une dyslexie des difficult s d'apprentissage de la lecture. Ce travail a commenc l'initiative d'une infirmi re du Nord Is re par la mise au point d' preuves d' valuation des capacit s de traitement visuel de l'information (Zorman, 1994) et d'un entra nement visuel (Jacquier-Roux, 1998) r alis en classe dont l' valuation a montr un effet positif sur la performance de lecture.

6 Pour piloter, coordonner ces tudes et produire les outils, le Centre Ressources Cogni-Sciences de l'acad mie de Grenoble a t cr il y a une dizaine d'ann e. En 1998, il est devenu Laboratoire Cogni-Sciences et Apprentissages de l'IUFM1 de Grenoble en association 1 Institut Universitaire de Formation de Ma tres. 2 avec le Laboratoire de psychologie Exp rimentale CNRS, Universit P. Mend s France de Grenoble. Dans cet article, nous pr sentons les r sultats de la premi re partie d'une recherche qui a d but en 1995 en Grande section de maternelle pour mesurer les effets sur l'apprentissage de la lecture d'un entra nement de la CONSCIENCE PHONOLOGIQUE des l ves qui ont de faibles habilet s dans ce domaine.

7 La CONSCIENCE PHONOLOGIQUE Les tudes exp rimentales r alis es sur la lecture durant ces vingt-cinq derni res ann es ont mis en vidence l'un des d terminants essentiels des premiers progr s en lecture, qui est en m me temps un moyen de la pr vention de l' chec de son apprentissage, la CONSCIENCE PHONOLOGIQUE ou capacit s m taphonologiques (Bradley,1983; Juel,1986; Olofsson, 1985; Stanovich, 1988; Sprenger-Charolles, 1996; pour des revues Goswani, 1990; Gombert 1992). De nombreuses recherches ont montr les liens entre l'apprentissage de la lecture et la capacit identifier, manipuler de fa on intentionnelle les unit s phonologiques de la langue orale. L'enfant apprend peu peu reconna tre les graph mes qui composent les mots crits ( ch , ou , p , eu ) et prend CONSCIENCE des unit s phon miques qui composent les mots parl s ( /S/, /u/, /p/, / /).

8 Les mots crits qu il rencontre seront alors syst matiquement d cod s: les diff rents graph mes du mot seront individualis s; chaque graph me sera associ le phon me correspondant; les phon mes seront fusionn s en syllabe, puis en mot permettant de reconstruire la forme PHONOLOGIQUE globale du mot et d en voquer le sens. On parle quelquefois de m diation PHONOLOGIQUE pour exprimer le fait que le sens du mot ne puisse tre voqu qu apr s traitement PHONOLOGIQUE . Les traitements phonologiques y jouent un r le fondamental puisque l enfant doit acqu rir des proc dures de conversion grapho- PHONOLOGIQUE et prendre CONSCIENCE des unit s phon miques qui composent les mots. Ce stade (alphab tique, Frith, 1985) se caract rise par une lecture lente et analytique pendant laquelle l enfant se concentre sur le traitement des lettres constituant les mots afin de les d coder sans erreur.

9 La CONSCIENCE PHONOLOGIQUE est un puissant m canisme d'auto-apprentissage li la conception m me des critures alphab tiques. L' l ve doit commencer par apprendre le principe g n ral du code alphab tique, puis acqu rir un nombre suffisant de correspondances entre les graph mes et les phon mes pour commencer d coder. L apprentissage de ces premi res correspondances permet la mise en place des proc dures de d chiffrement qui sont 3 lentes car elles demandent l enfant un travail conscient, volontaire et de l attention. Cette correspondance graph me/phon me va rapidement et progressivement devenir automatique, jouant un r le moteur et g n ratif dans l apprentissage de la lecture. L acquisition du principe du code alphab tique n cessite que l enfant pr lecteur ait pr alablement acquis un d but de CONSCIENCE PHONOLOGIQUE .

10 La CONSCIENCE PHONOLOGIQUE (ou capacit s m taphonologiques) peut tre d finie comme l'aptitude percevoir et se repr senter les unit s de segmentation non signifiante de la langue orale comme les syllabes, les rimes, les phon mes. Les preuves qui permettent d' valuer les habilet s m taphonologiques peuvent consister demander l'enfant si deux mots riment, de prononcer ce qu'il reste du mot lorsqu'on enl ve la premi re syllabe d'un mot bi-syllabique (enlever /tor/ de torchon, il reste /chon/), pour la CONSCIENCE phon mique demander de dire ce qui reste si on enl ve le premier "bruit" de B uf a uf . Certaines habilet s segmenter la langue sont plus pr coces que d autres. En particulier, un certain nombre d enfants de quatre ans sont capables d identifier les rimes et des syllabes; par contre la sensibilit aux phon mes est plus tardive: si elle peut tre pr sente avant six ans, elle se d veloppe en m me temps que l apprentissage de la lecture.