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Gargantua - édition bilingue

RABELAIS. Gargantua . TRANSLATION EN FRAN AIS MODERNE. PR SENTATION. NOTES. DOSSIER. CHRONOLOGIE. INDEX. BIBLIOGRAPHIE. par Myriam Marrache-Gouraud GF Flammarion Du m me auteur dans la m me collection PANTAGRUEL. LE TIERS LIVRE. LE QUART LIVRE. LE CINQUIESME LIVRE. Flammarion, Paris, 2016. ISBN : 978-2-0813-9354-7. Pr sentation Pour Cyrille, Gaspard et G d on. D s le XVIe si cle et encore aujourd'hui, Fran ois Rabelais creuse une br che extraordinaire dans la mani re d' crire un r cit. Son jeu avec les traditions nar- ratives renouvelle profond ment le r cit h ro que. Son go t pour la langue fran aise fait de lui l'un des plus f conds inventeurs de mots et nous lui devons une vigou- reuse augmentation du dictionnaire. Enfin, ses connais- sances et son rudition offrent au lecteur un roman encyclop dique : de quoi Rabelais n'a-t-il pas parl , au gr des aventures de ses h ros ? La nature plantes, min raux, animaux , les arts, les m canismes cono- miques ou politiques, la mythologie, la m decine, l'his- toire, la philosophie, la soci t de son temps, la magie, l'alchimie, l'utopie, la guerre, la religion Son uvre accueille aussi bien le monde de son poque que celui de l'Antiquit et tous les mondes possibles de son imagina- tion.

médecin de Guillaume Du Bellay, seigneur de Langey et gouverneur de Turin, frère du cardinal Jean Du Bellay. L’écrivain saisit l’opportunité de ces voyages pour mieux connaître la culture italienne qu’il admire comme tous les humanistes français de son temps, pour rencontrer de nombreux lettrés et observer les monuments antiques et

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Transcription of Gargantua - édition bilingue

1 RABELAIS. Gargantua . TRANSLATION EN FRAN AIS MODERNE. PR SENTATION. NOTES. DOSSIER. CHRONOLOGIE. INDEX. BIBLIOGRAPHIE. par Myriam Marrache-Gouraud GF Flammarion Du m me auteur dans la m me collection PANTAGRUEL. LE TIERS LIVRE. LE QUART LIVRE. LE CINQUIESME LIVRE. Flammarion, Paris, 2016. ISBN : 978-2-0813-9354-7. Pr sentation Pour Cyrille, Gaspard et G d on. D s le XVIe si cle et encore aujourd'hui, Fran ois Rabelais creuse une br che extraordinaire dans la mani re d' crire un r cit. Son jeu avec les traditions nar- ratives renouvelle profond ment le r cit h ro que. Son go t pour la langue fran aise fait de lui l'un des plus f conds inventeurs de mots et nous lui devons une vigou- reuse augmentation du dictionnaire. Enfin, ses connais- sances et son rudition offrent au lecteur un roman encyclop dique : de quoi Rabelais n'a-t-il pas parl , au gr des aventures de ses h ros ? La nature plantes, min raux, animaux , les arts, les m canismes cono- miques ou politiques, la mythologie, la m decine, l'his- toire, la philosophie, la soci t de son temps, la magie, l'alchimie, l'utopie, la guerre, la religion Son uvre accueille aussi bien le monde de son poque que celui de l'Antiquit et tous les mondes possibles de son imagina- tion.

2 Rabelais est peut- tre le p re du roman moderne : avant m me Cervant s, il parvient rassembler lectorats populaire et savant. Un livre qui contient tous les livres qu'il a lus, qui r unit le Nouveau Monde et l'Ancien, voici le d fi que propose Rabelais ses lecteurs. 4 Gargantua UNE VIE PLEINE D'AUTRES VIES. La vie de Rabelais fut romanesque et multiple 1, marqu e par certaines zones d'ombre ou d'incertitude, . commencer par sa naissance, dont on ne sait si elle advint en 1483 ou 1494. Il voit le jour La Devini re, pr s de Chinon. Vers l' ge de vingt ans, il est moine franciscain au couvent du Puy-Saint-Martin de Fontenay-le-Comte. Il apprend le grec, correspond avec les plus grands huma- nistes europ ens, Guillaume Bud et rasme, depuis cette ville florissante, alors capitale du Bas-Poitou. C'est l . qu'il entre dans des c nacles d' rudits, dont la figure majeure est Andr Tiraqueau, juriste averti qui restera son ami et sera le d dicataire de plusieurs de ses uvres.

3 Mais quand les franciscains lui confisquent ses livres de grec, il d cide, en bravant les interdits, de fuir cet ordre aust re pour trouver refuge aupr s des b n dictins de l'abbaye de Maillezais, une dizaine de kilom tres. L , Geoffroy d'Estissac, un abb l'esprit clair , l'accueille et l'associe ses d placements en Poitou. C'est l'occasion pour le jeune Rabelais de rencontrer savants, l gistes, m decins, po tes, naturalistes, philosophes et humanistes, et de d battre avec eux de points difficiles touchant les lois et l'organisation de la soci t (la place de la femme, le mariage), l'histoire religieuse, les arts po tiques, la tra- duction du grec, l'architecture : autant de sujets dont il nourrira son uvre, tr s au fait des questions et des d bats de son poque. Autour de 1527, il entreprend des tudes de m decine Montpellier, la facult la plus renomm e de France dans ce domaine. Mais cela signifie qu'il a une fois de plus enfreint les r gles religieuses : c'est un crime d'apos- tasie puni d'excommunication que de quitter les ordres sans autorisation papale.

4 Il devra demander un pardon 1. L'aper u biographique est ici limit quelques jalons significatifs. Pour une vue plus d taill e, on se reportera la chronologie fournie en fin d'ouvrage. Pr sentation 5. au pape pour cette faute, et l'obtiendra lors de l'un de ses voyages Rome. partir de 1532, il exerce la m decine l'H tel-Dieu de Lyon, publie ses premiers ouvrages, part plusieurs fois en Italie avec le cardinal Jean Du Bellay, diplomate f ru d'antiquit s et de fouilles arch ologiques. Apr s un passage par Montpellier en 1537 pour recevoir son grade de docteur en m decine, Rabelais retourne en Italie (1540-1542) en qualit de m decin de Guillaume Du Bellay, seigneur de Langey et gouverneur de Turin, fr re du cardinal Jean Du Bellay. L' crivain saisit l'opportunit de ces voyages pour mieux conna tre la culture italienne qu'il admire comme tous les humanistes fran ais de son temps, pour rencontrer de nombreux lettr s et observer les monuments antiques et les plantes.

5 Il tudie en outre avec int r t la topographie de Rome et la cour du pape. Geoffroy d'Estissac et Guillaume Du Bellay, ses deux protecteurs et amis tr s proches, meurent tous deux en 1543. Son uvre se fait l' cho de ce deuil : l' voca- tion de la mort du second, dans le Quart Livre, Panta- gruel verse des larmes grosses comme des ufs d'autruche (chap. XVII-XVIII). En 1546, Rabelais est de nouveau condamn pour h r sie par la facult de th ologie de la Sorbonne la suite de la parution du Tiers Livre. Il doit fuir la France en 1547 et s'exile Metz, alors ville de l'empire de Charles Quint. En 1551, Jean Du Bellay, qui r side Saint- Maur-des-Foss s, le rattache l'abbaye b n dictine de cette ville et lui octroie la cure de Meudon, ce qui lui assure un revenu jusqu' la fin de sa vie. Rabelais s' teint en 1553. L' crivain se pla t diss miner dans ses uvres les traces des p rip ties de sa vie. En particulier, les toponymes nombreux qui maillent l'histoire de Gargantua font appara tre une multitude de noms de petits villages des alentours de Chinon, r gion de sa naissance, ou encore 6 Gargantua du Poitou o il passa sa jeunesse.

6 Plus largement, Rabe- lais restitue des situations qu'il conna t pour les avoir v cues, ainsi que diff rents savoirs dont il s'est nourri : la vie d'un moine, les usages des abbayes, la formation des tudiants en m decine, les connaissances m dicales elles-m mes, les recherches arch ologiques, la diplomatie et la courtisanerie sont autant d' chos d'une vie tumul- tueuse, d j romanesque, dispos s dans une trame de fiction qui ne l'est pas moins. L' UVRE NARRATIVE. LIGNES DE FORCE DE L' UVRE. Pantagruel, le premier volume de l' uvre narrative, para t en 1532 Lyon et c'est aussit t un succ s de librairie. Rabelais puise son inspiration dans le folklore populaire auquel il emprunte certains personnages pour les transformer en g ants. Pantagruel, connu du public comme un petit diablotin espi gle, devient sous sa plume un prince humaniste la taille gigantesque, gardant de ses origines une forme d'humour, doubl d sormais d'une sagesse sans faille et sans gale.

7 Il prend pour fid le compagnon un trublion g nial, l' trange Panurge, surgi de nulle part, parlant treize langues trang res et ma tri- sant l'art de transformer toutes les situations selon sa cocasserie et son ing niosit sans limites. H ritier du per- sonnage m di val de Renart, puisqu'il joue toutes sortes de mauvais tours au profit, souvent, d'une satire sociale, Panurge est aussi, par sa capacit se sortir des situa- tions les plus difficiles, un lointain cousin d'Ulysse aux mille ruses : la fois h ro que et farcesque, le personnage traverse les cat gories et renouvelle les st r otypes narra- tifs. La petite compagnie pantagru lique, au sein de laquelle seul Pantagruel est un g ant, conna t des situa- tions piques ou quotidiennes dans ce qui s'apparente Pr sentation 7. (comme l'annonce le titre Les Horribles et pouvan- tables Faits et Prouesses du tr s renomm Pantagruel ) . un roman de vie plein de verve joyeuse.

8 Deux ans plus tard, la parution de Gargantua reprend la trame chronologique d roulant la vie d'un g ant, de la naissance aux exploits de l' ge adulte. Dans ce deuxi me volume, le h ros choisi est le p re de Pantagruel ; il res- tera si c l bre qu'il deviendra le type m me du g ant dans l'imaginaire fran ais. Le retour en arri re d'une g n ration justifie que Panurge ne soit plus de la partie. sa place critique et nigmatique, on trouvera le trucu- lent fr re Jean, un personnage qui n'a rien d'un moine traditionnel et qui viendra sa mani re mettre en ques- tion la notion m me d'h ro sme, tant la fois courageux et sans piti , et poussant la bataille jusqu'au carnage. Quand ce roman para t, en 1535, c'est une poque o . l'image de la France, pourtant sortie victorieuse de la bataille de Marignan (1515), a d j t ternie par de grandes p riodes d'instabilit , en raison des guerres d'Italie, parfois d sastreuses pour les Fran ais, et de l'imp rialisme de Charles Quint, qui a fait trembler toute l'Europe en 1527 lors du sac de Rome, apr s qu'il a fait prisonnier Fran ois Ier lors de la bataille de Pavie en 1525.

9 Les vis es d mentes de l'imp rialisme col rique de Picrochole r v lent un Charles Quint peine dissimul , tandis que Fran ois Ier est reconnaissable dans les figures de Gargantua ou de Grandgousier, qui font l'apologie de l'art du bon gouvernement propre au prince chr tien. La publication de Gargantua intervient aussi dans le contexte encore tout r cent de l'affaire des Placards (1534), o des pamphlets contre la messe sont placard s par des r form s jusque sur la porte des appartements du Roi : c'est un v nement d cisif, l'origine de la r pression de plus en plus ferme qui s'organise contre les tenants de la R forme de Luther. Le conflit id ologique qui oppose catholiques et protestants donne lieu, d'une part, chez les autorit s catholiques qui commencent . interdire la publication de certains crits, une suspicion 8 Gargantua accrue envers toute h r sie ou suppos e telle et, d'autre part, aux terribles guerres dites de Religion.

10 Qui clatent v ritablement environ dix ans plus tard. T moin de la mont e de ces tensions, Rabelais critique les abus de l' glise catholique sans pour autant embras- ser la religion r form e. Cette position m diane, adopt e par la plupart des humanistes au nom du refus de la guerre fratricide, est appel e l' vang lisme. Rabelais y souscrit ; rasme et Marguerite de Navarre, la propre s ur de Fran ois Ier, y sont galement favorables, comme le disent leurs crits de mani re plus ou moins voil e. Mais manifester trop ouvertement des id es vang - liques, c'est s'exposer subir les foudres de la facult . de th ologie de la Sorbonne. Cette derni re interdit et condamne la publication des ouvrages de Rabelais, jug s obsc nes et h r tiques, en les mettant l'Index 1. Il est vrai que la satire y est violente contre les moines et les th ologiens et, plus g n ralement, contre l' glise, accus e d'abuser de la cr dulit de ses fid les.


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