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1 1 LA LANGUE Connaissez-vous l anecdote des langues d sope, le c l bre fabuliste Grec? On raconte que son ma tre Xanthos, lui ayant donn l ordre d acheter au march ce qu il y aurait de meilleur, sope n acheta que des langues sous pr texte qu il n y a rien de meilleur que la LANGUE , lien de la vie civile, clef des sciences, organe de la v rit et de la raison, de la pri re etc. Pour l embarrasser, Xanthos lui commanda le lendemain d acheter ce qu il y a de pire. Le lendemain, sope ne fit servir que des langues, disant que la pire chose qui soit au monde c est la LANGUE , m re de toutes les disputes, source des divisions et des guerres, organe de l erreur et de la calomnie, du blasph me et de l impi t . (Larousse) Il n est pas n cessaire de r fl chir longtemps pour juger de l extraordinaire puissance d action que nous avons tous par notre LANGUE ; puissance bienfaisante aussi bien que puissance de destruction.

2 H las, nous nous servons souvent de ce membre la l g re, inconsid r ment, selon la d mangeaison du moment. Et il nous arrive ce qui arrive souvent celui qui manipule un explosif sans pr caution! On ne saura jamais tout le mal qui a t caus par les agitations insens es de la LANGUE humaine. Par la LANGUE l homme p che contre Dieu en blasph mant, en ridiculisant la religion du Christ, en ne pronon ant le nom de Dieu que pour jurer, en provoquant des divisions. Par la LANGUE l homme p che contre son prochain, en l injuriant, en m disant de lui, en le calomniant, ou simplement en le d courageant par des paroles qui provoquent ou augmentent sa d tresse. Par la LANGUE , l homme p che contre lui-m me, car, tandis qu il parle de Dieu et des autres avec d dain, m pris ou indiff rence, il devient intarissable d loges et d indulgence lorsqu il parle de lui-m me.

3 Il met son moi, je en avant et rayonne d orgueil, de vantardise et de suffisance. COMME UN GOUVERNAIL C est pr cis ment cause de tout le mal que la LANGUE peut faire, avec une angoissante facilit , que les critures attirent notre attention sur 5 ce membre minuscule (Jacques 3, 5) et pourtant si efficace. Jacques, le t moin du Christ, consacre tout un paragraphe au probl me de la LANGUE . Il souligne la disproportion apparente entre la petitesse de la LANGUE et l influence norme qu elle exerce dans la vie de l homme. En outre, il insiste sur la n cessit de contr ler l activit de ce membre pour viter l anarchie et le d sastre. Ce langage peut para tre quelque peu exag r , premi re vue, mais on comprend vite qu on ne peut pas 2 tre ferme, ni trop s v re, lorsqu on sait toutes les souffrances qu une LANGUE indompt e peut causer.

4 Pour nous enseigner ces le ons n cessaires, Jacques prend trois exemples frappants : 3 Quand nous mettons aux chevaux un mors dans la bouche, pour nous en faire ob ir , dit-il 3 nous dirigeons tout leur corps. 4 Voyez encore les vaisseaux : si grands qu ils soient, m me pouss s par des vents violents, ils sont dirig s par un tout petit gouvernail, au gr du pilote. 5 De m me, la LANGUE est un membre minuscule et elle peut se glorifier de grandes choses. 6 Voyez quel petit feu embrasse une immense for t. (Jacques 3, 3-6) Comme l tincelle, la LANGUE est insignifiante en apparence, inoffensive croirait-on, mais en fait, elle est la cause des plus grands d sastres. Elle a le pouvoir de mettre en feu, de compromettre moralement toute une existence. Combien de fr res et d amis, d finitivement s par s et ennemis par des paroles blessantes.

5 Et nous savons que les blessures inflig es l esprit sont autrement douloureuses et plus durables que celles inflig es au corps. DES MOTS UNE PUISSANCE Combien de mariages qui se d sagr gent peu peu, par des mots o chacun veut avoir le dernier mot et que l on choisit dur, cat gorique et blessant. Des mots dont on se sert comme d une arme pour faire mal, pour d chirer, pour craser, pour humilier, pour tromper, pour vaincre sans piti . David compare la LANGUE un rasoir effil . (Psaumes 52, 4) Salomon, dans ses admirables proverbes, d clare parall lement : 1 Une parole douce calme la fureur, mais une parole dure excite la col re. (Proverbes 15, 1) LE V HICULE DE LA PENS E Pourquoi parlons-nous? Pour communiquer avec nos semblables bien s r. Mais quelle est la nature de ces communications, de ces contacts?

6 Si nous nous examinons avec lucidit , il appara t que le plus souvent, nous parlons parce que nous ob issons une impulsion, c est- -dire une sorte de d mangeaison. On prouve le besoin d exprimer une opinion, un sentiment, lequel peut tre l affection, l indignation, la douleur, la haine, la jalousie, le m pris; en somme tout ce qui se trouve dans le c ur finit par se retrouver au grand jour, comme pouss par le flot souvent imp tueux des sentiments. Mais ce flot 3 doit franchir une ultime barri re; la LANGUE , cet interm diaire entre l int rieur et l ext rieur. La sagesse consiste ouvrir cette vanne quand il le faut et la maintenir r solument ferm e en d autres occasions. Il faut choisir entre l irrigation bienfaisante et l inondation d sastreuse. Les mots sont vraiment le v hicule de la pens e.

7 C est en fait ce que J sus a dit dans un de ses discours : 11 Ce n est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l homme; Mais ce qui sort de la bouche, c est ce qui souille l homme. (Matthieu 15, 11) 34 .. Car c est de l abondance du c ur que la bouche parle. 35 L homme bon tire de bonnes choses de son bon tr sor, et l homme m chant tire de mauvaises choses de son mauvais tr sor. 36 Je vous le dis : au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu ils auront prof r e. 37 Car par tes paroles tu seras justifi , et par tes paroles tu seras condamn . (Matthieu 12, 34-37) Voil un avertissement du Seigneur apte nous faire r fl chir. Supposez que vous puissiez crire tout ce que vous dites, au long d une journ puis relire tout ce qui a t crit en liminant toute parole vaine, fausse, mauvaise, d courageante.

8 Combien de lignes vous resterait-il apr s ce travail de censure? On a calcul qu en l espace de 70 ans, un individu moyen, pourrait ainsi composer une biblioth que d environ 3, 640 volumes de 525 pages chacun, rien que par sa conversation. (Il n est pas pr cis s il s agit d un homme ou d une femme!) Impressionnant n est-ce pas? Mais combien effarant aussi, lorsqu on pense tout ce temps perdu o l on a parl pour ne rien dire, o l on a m dit, critiqu , calomni peut- tre, insult , bless , d courag , menti, tromp .. tout ce temps o l on a nettement l impression que le vaisseau de notre vie tait priv de gouvernail, livr au gr et aux caprices de toutes les vagues, de tous les vents, de toutes les .. d mangeaisons : TENIR LA LANGUE EN BRIDE Les critures d clarent : 26 Si quelqu un croit tre religieux, sans tenir sa LANGUE en bride, mais en trompant son c ur, la religion de cet homme est vaine.

9 (Jacques 1, 26) Le m me auteur dit encore avec amertume : 7 B tes sauvages et oiseaux, reptiles et animaux marins de tout genre sont dompt s et ont t dompt s par l homme. 8 La LANGUE , au contraire, personne ne peut la dompter : c est un fl au sans repos. Elle est pleine d un venin mortel. 9 Par elle nous b nissons le Seigneur et P re, et par elle nous maudissons les hommes faits l image de Dieu. 10 De la m me bouche sortent la b n diction et la mal diction. Il ne faut pas, mes fr res, qu il en soit ainsi. 11 La source fait-elle jaillir par la m me ouverture le doux et 4 l amer? 12 Un figuier, mes fr res, peut-il donner des olives, ou une vigne des figues? L eau de mer ne peut pas non plus donner de l eau douce. (Jacques 3, 7-12) Sommes-nous coupables de cette anomalie qui consiste b nir Dieu le dimanche et m priser les hommes nos fr res pendant la semaine?

10 Les hommes en qui nous m prisons le reflet de Dieu?! Pour l ap tre Jean, une telle attitude est mensonge et duplicit 20 car celui qui n aime pas son fr re qu il voit, comment peut-il aimer Dieu qu il ne voit pas? (1 Jean 4, 20) Qui oserait r sister cette logique? La grande le on que nous pouvons tirer de ces textes est la suivante : Apprends ma triser ta LANGUE et tu ma triseras ton c ur. Encore faut-il d et demeurer conscient et lucide devant cette norme responsabilit , comme un cavalier qui tient fermement la bride de sa monture, car il sait s il n en demeure pas le ma tre, il sera son esclave. coutons ces conseils tir s du livre des Psaumes : 2 Je veillerai sur mes voies, de peur de p cher par ma LANGUE ; Je mettrai un frein ma bouche, tant que le m chant sera devant moi.