Transcription of RÉFÉRENT / SIGNIFIANT / SIGNIFIÉ - Surlimage
1 FAITES-MOI SIGNES - support de cours techno com - CV1 2008 Marc VAYER page 1R F RENT / SIGNIFIANT / SIGNIFI Diff renciation entre image et signeEn communication visuelle, produire du sens, c est envoyer des l on veut construire des signes pertinents, il faut s attaquer l tude des signes, c est dire une discipline qu on appelle s par analogie avec le domaine linguistique, pour les images, la s miologie est une approche qui permet d analyser la signification ou la production de miologie vient du grec semeion : signe + logos : discours. Dans le monde m dical, il s agit d interpr ter les signes que sont les sympt mes ou syndromes (ensemble de sympt mes). Dans le domaine linguistique, on uti-lise le terme s miotique, tr s proche, philosophie du langage, mais aussi tude des langages particuliers (image, cin ma, peinture, litt rature, etc.)
2 C est d ailleurs dans ce champ linguistique que Pierce a labor une th orie des signes (1867), vraiment tudi e partir de 1970 en France, et que l on peut transposer dans l univers des signes s miologie, il faut d abord bien distinguer la d finition du mot signe par rapport celle du mot image : Peut tre reflet, illustration, ressemblance, projection math matique, souvenir, illusion, r putation, mentale, m taphore. Dans tous les cas, c est quelque chose qui ressemble quelque chose d autre. En communication visuelle, c est une repr sentation analogique, imitative, principalement visuelle (elle peut aussi tre associ e d autres sens : son, toucher, odeur, ..).
3 Yasuko Najima (1889-1964) Torse de femme, 1930 Avec un ami, nous contemplions et commentions la reproduction d une photo de Yasuko Nodjima dans un livre de Ferrante Ferranti. Cette photographie tait l image d une magnifique jeune femme se peignant les compagne de mon ami l interpelle : Que faites-vous ? On regarde une femme , puis, se reprenant : On regarde l image d une femme .Cette anecdote nous rappelle qu il est tr s facile et rapide de confondre, par le langage utilis , l image et la r alit .C est d ailleurs, bien-s r, le ph nom ne que met en valeur le tableau de Magritte la pipe .FAITES-MOI SIGNES - support de cours techno com - CV1 2008 Marc VAYER page 2En 1966, Magritte qui vient de lire les mots et les choses adresse l auteur, Michel Foucault, une reproduction de son c l bre tableau Ceci n est pas une pipe en prenant soin d ajouter au verso : Le titre ne contredit pas le dessin ; il affirme autrement.
4 Si la pr cision lui a sembl n cessaire c est sans doute que le malentendu tait craindre. Mais de quel malentendu pouvait-il s agir ? Le tableau lui-m me ne para t tre plus simple, plus lisible : l image d une pipe, d une pipe d pourvue de toute singula-rit , l arch type d une pipe en quelque sorte. Le trouble provient des mots ajout s par le peintre son tableau, des mots qui font corps avec lui, en sont indissociables : Ceci n est pas une pie la chose et sa repr sentation, le r el et son image. (..)L injonction du regard par G rard Collas Images documentaires 32/33 Nulle part, il n y a de pipe. A partir de 1 , on peut comprendre la derni re version que Magritte a donne de Ceci n est pas une pipe.
5 En pla ant le dessin de la pipe et l nonce qui lui sert de l gende sur la surface bien clairement d limit e d un tableau (dans la mesure ou il s agit d une peinture, les lettres ne sont que l image des lettres; dans la mesure ou il s agit d un tableau noir, la figure n est que la continuation didactique d un discours), en pla ant ce tableau sur un tri dre de bois pais et solide, Magritte fait tout ce qu il faut pour reconstituer (soit par la p rennit d une oeuvre d art, soit par la v rit d une le on de choses) le lieu commun l image et au langage. Tout est solidement amarr a l int rieur d un espace scolaire: un tableau montre un dessin qui montre la forme d une pipe; et un texte crit par un instituteur z l montre que c est bien d une pipe qu il s agit.
6 L index du ma tre on ne le voit pas, mais il r gne partout, ainsi que sa voix, qui est en train d articuler bien clairement: ceci est une pipe . Du tableau l image, de l image au texte, du texte la voix, une sorte d index g n ral pointe, montre, fixe, rep re, impose un syst me de renvois, tente de stabiliser un espace unique. Mais pourquoi ai-je introduit encore la voix du ma tre ? car peine a-t-elle dit ceci est une pipe qu elle a du aussi se reprendre et balbutier: ceci n est pas une pipe, mais le dessin d une pipe , ceci n est pas une pipe mais une phrase disant que c est une pipe , la phrase: ceci n est pas une pipe n est pas une pipe ; dans la phrase ceci n est pas une pipe , ceci n est pas une pipe: ce tableau, cette phrase crite, ce dessin d une pipe, tout ceci n est pas une pipe.
7 Les n gations se multiplient, la voix s embrouille et s touffe; le ma tre confus baisse l index tendu, tourne le dos au tableau, regarde les l ves qui se tordent et ne se rend pas compte que s ils rient si fort, c est qu au-dessus du tableau noir et du ma tre bredouillant ses d n gations, une vapeur vient de se lever qui peu peu a pris forme et maintenant dessine tr s exactement, sans aucun doute possible, une pipe. C est une pipe, c est une pipe crient les lev s qui tr pignent tandis que le ma tre, de plus en plus bas, mais toujours avec la m me obstination, murmure sans que personne ne l coute d sormais: et pourtant ceci n est pas une pipe . Il n a pas tort: car cette pipe qui flotte si visiblement au-dessus de la sc ne, comme la chose laquelle se r f re le dessin du tableau noir, et au nom de laquelle le texte peut dire juste titre que le dessin n est pas vraiment une pipe, cette pipe elle-m me n est qu un dessin; ce n est point une pipe.
8 Pas plus sur le tableau noir qu au-dessus de lui, le dessin de la pipe et le texte qui devrait la nommer ne trouvent ou se rencontrer et s pingler l un sur l autre comme le calligraphe avec beaucoup de pr -somption, avait essaye de le faire. Alors, sur ses montants biseaut s et si visiblement instables, le chevalet n a plus qu basculer, le cadre se disloquer, le tableau rouler par terre, les lettres s parpiller, la pipe peut se casser : le lieu commun oeuvre banale ou le on quotidienne a disparu.[..] Mais l nonc , ainsi articule deux fois d j par des voix diff rentes, prend son tour la parole pour parler de lui-m me: Ces lettres qui me composent et dont vous attendez, au moment o vous entreprenez de les lire qu elles nomment la pipe, ces lettres, comment oseraient-elles dire qu elles sont une pipe, elles qui sont si loin de ce qu elles nomment ?
9 Ceci est un graphisme qui ne ressemble qu soi et ne saurait valoir pour ce dont il parle . Il y a plus encore: ces voix se m lent deux a deux pour dire, parlant du troisi me l ment, que ceci n est pas une pipe . Li s par le cadre du ta-bleau qui les entoure tous deux, le texte et la pipe d en bas entrent en complicit : le pouvoir de d signation des mots, le pouvoir FAITES-MOI SIGNES - support de cours techno com - CV1 2008 Marc VAYER page 3Le signe : Donner signe de vie, pr senter des signes de fatigue, faire un signe d amiti , s exprimer par signes, voir un bon ou mauvais signe, nuages signe de pluie, fais-moi un signe d s que tu seras pr t, tu es n sous quel signe ?
10 Le signe, c est ce qui est la place de quelque chose d image n est pas un signe, mais une texte, tissu m l s de diff rents types de signes qui nous parlent secr -tement . Le s miologue est celui qui voit du sens l o les autres voient des choses (Umberto Eco) et donc qui montre, avec un minimum de preuves, quelles significations et quelles interpr tations peuvent produire ces choses . (Martine Joly)Le signe est, lui, une entit deux faces : le signifi (c est le concept et non pas l objet) le SIGNIFIANT (c est la face mat rielle et per ue du signe)Pictogrammes utilis s pour la signal tique des Jeux Olympiques d Ath nes, en 2004, Le signifi de ces quelques pictogrammes, c est la discipline sportive Ath nes, en 2004, en Gr ce.
